Cecil Papers: December 1581, 16-31

Calendar of the Cecil Papers in Hatfield House: Volume 2, 1572-1582. Originally published by Her Majesty's Stationery Office, London, 1888.

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'Cecil Papers: December 1581, 16-31', in Calendar of the Cecil Papers in Hatfield House: Volume 2, 1572-1582, (London, 1888) pp. 447-497. British History Online https://www.british-history.ac.uk/cal-cecil-papers/vol2/pp447-497 [accessed 20 April 2024]

December 1581, 16–31

1082. [Madame de Marchaumont] to Du Bex.
1581 [Dec.?]. “Je vois bien que l'absamse en vostre amdroict faict que oublies vos amis. Le comtemtement d'asprochier de sette mestresse Englesche vous faict perdre la mesmoyre d'unne chausse [chose] promisse, qu'estemt à Boslognie vous mesteries la mim [main] à la plumme. Il n'a tenu à moy que mon escrytoyre, ne vous ay faict umg bon servisse. Ors, si vous aves mal comamsé, la veue des dames ne soict causse de pis. Je suis toujours en aslarme, temt que je sçache quel vent vous a esté heureus, cresgnamt que la jambe de mon mary ne soict guérie, vous supliamt qu'il comserve sa samté, et moy en ses bonnes grasses. Je ne puis partir de la bonne ville à mon grant regret, pour asler astamdre Momsieur de Véry au pasaygie. Je ne vous puis dire comme il sera le bien vesnu. Je l'ayme de tout mon cœur, estamt marie d'estre si inutille que ne luy pouvoir servir. Je m'asure qui ne fera part à son germim de ses bonnes fortunnes. Je suis tent asurée de la prudomye, que je n'en veulx nullement doubter. Sy mauvayse compaygnyee avec umg peu de loysir ne luy faict oublyer les absams, qui ne me seroict que très mal agréable, tout se sçaict. Gouvernes vous saygiement. Vostre bon amy vous escrit : je crois que son mariage est rompu. Tout se porte bien cheps vous : vostre hesné [aîné] m'est venu veoir. Il s'en retorne, ayamt touché iij cff de finamses d'unne ramte. Il est gasliart. Despuis le despart de mes asmours, j'ay esté toujours mal feste, en humeur malplesente, n'ayant veu que Stte Crois. Si j'estois sur mon bien dire, vous en auryes dasvamtaygie; aussy que je vous veus umg peu de mal, que l'on m'oublye, mais que se ne soict du tout; mon petit cœur ne le pouroict soufrir. Vous rescom-memdent le salut de vostre asme en se simt temps.
“J'ay oublié à dire à Momsieur de Marchaumont que j'ay retyré son peroque pour la some de six escus; set le marche du signeur de Poms. Il est si savemt, qui se sçaict bien tayre, y faict belle silamse à ma chambre. Je vous suplie pour le portraict; se me seroict unne reslique comtre touttes afflictyoms, n'ayant ryen au momde si cher.”
Signed :—“[symbol]”
Endorsed :—“1581”
2 pp.
1083. Cipher.
[1579–81.] Key to the cipher used by Simier in his letters to Queen Elizabeth. Below, he has added a list of certain persons, with the noms de plume given to them, and the cipher marks by which they were to be known. The following is the list, with the respective noms de plume :
“Le Roy de France.—Jupiter : Mars : Mercure.
La Royne d'Angleterre.—Le souleil : la perle : le diaman.
Le Roy d'Espagne.—La ronse : Saturne; Vulcan.
La Royne m ère.—Le soucy : la sauge : le sypr ès.
La Royne regniante.—La pansée.
Monsieur.—Le loryer : la victoire : l'olivier.
La Royne de Navarre.—La lune : la rose : le rubis.
Le Roy de Navarre.—La pome : l'orange : le sitron.
Le prinse de Condé.—La fleur : le daufin : le milan.
Le duc de Monpansier.—La poyre.
Le prinse dophin.—La mele.
Le duc de Guise.—L'anvye : la grêle : l'éclair.
Le duc de Mayne.—L'amour : la gayre : la pais.
Le duc de Lorayne.—Le chardon : la pye.
Le conte Subces [Sussex] [These have three cipher marks against each of them, but no noms de plumes.]
Le conte de Lestre
Le grand tresoryer
Mr Haston [? Hatton]
Le duc de Savoye.—Jalousie.
Le duc Quasimir.—Le corbeau : l'estourneau.
L'Alemagne.—Confusion : le fert.
Raystres [reiters].—Douleur : repantance.
Les Pais Bas.—La frigue [? l'Afrique] : la terre.
Le prinse d'Orange.—Le guanon : le pigon.
Les estatz.—La tourbe : le sable.
Le conte de la Ling.—La peur : le baston.
Genève.—La santinelle.
Gènes.—La frese.
Les Hugenotz.—Le sapin : l'ortye.
Le Maréchal de Memorancy.—Le faucon.
Le Maréchal de Bellegarde.—Le grifon.
Le Maréchal de Biron.—Le renard.
Le Maréchal de Matignon.—La perdris.
Monsieur de Turene.—Le lyon.
Symye.—Le singe : la foy : la mort.”
2 pp.
1084. The Anjou Marriage.
1581. “The articles not determined in the Treaty made by Simier” :—
1. That the treaty shall be reviewed and ratified by Commissioners.
2. The form of solemnization of the marriage to be referred to Commissioners, to be ordered as may best satisfy the consciences of both the princes.
3. The petition to be crowned after marriage to be propounded by the Queen to Parliament.
4. The petition for the Duke's pension to be submitted to Parliament.
5. The petition for the Duke's pension if he overlive her Majesty also referred to Parliament.
6. The Dower for the Queen is referred to the Commissioners.
In Burghley's hand.
1 p.
1085. De Haulteterre to Du Bex.
1581. “Jehan Musnier vous baillera une lettre de Monsieur l'Ambassadeur. Je l'ay veue, et suis bien d'avis que vous la donniez à son altesse, encores que les choses soient autrement qu'il ne luy escript, et mesmes depuis que je vous ay laissé, j'en ay eu assurance de très-bonne volunté. Celluy que vous scavez, qui privément me vient veoir, et qui est sovent venu au soir soupper chez moy, M. Chamb., m'en a fect discourir, rapportant tout ce que peult désirer son altesse, pour sa grandeur et establissement de ses affaires, dont je vous veulx bien avertir, avec ce que je vous ay dict, dont vous, serez mémoraliste. Représentez, je vous prye, ce qui est de toutes choses avec ces bonnes voluntéz, et particuli èrement dudit Ch., m'assurant que n'y obmectez rien digne du tout debvoir et fidellité, dont je vous prye, et me mandez le jour que vous passerez la mer, et vostre arivvé à Calais ou Boulongne, avec ce que vous y avez aprins de novelles, dont je me recommande à vostre bonne grace, et prye Dieu vous donne bien bongne et heureuse retour de Londres. Ce mesme jour que estes party, à onze[?] heures du soir.
“Monsieur, Monseigneur de Marchaumont m'a faict escripre. Ce met en grant haste pour le voulloir servir. Néanmoins, pour s'estre trouvé au lict et fort endormy, m'a commandé vous le tesmoingnier de ma part.”
Endorsed :—“1581.”
1 p.
1086. [“Moine “] to Du Bex.
1581. “Lors que j'ay laissé le Conte d'Arondel et millord Hauuart [Howard], que Mr de Stafort m'a menné, c'estoit de deux chambres, qui sont au bout de la gallérie que je vous ay monstre, que la royne veut, et a jà accommodé, sçavoir les deux propres pour le Mr, et faisant eschaufer les chambres, affin qu'elles soient bien chaudes, ilz y ont mis ung lict incarnat, qu'elle dict son A[ltesse] le congnoistre. J'estime qu'elle trouverroit le mien aussy bon, encores qu'il ne soit royal. J'ay choisy le plus propre, luy pouvant servir pour manger au commancement le lieu ou ilz mectent ung lict pour moy, puis il y a une plus grande place et de belles galléries; je vous laisse à panser de tenir secret. Madame de Stafort le sachant, il seroit plus aise d'arrester la violence du cours d'ung torrent, que d'empescher la langue d'une femme. Je veoy bien, à ce qu'elle m'a mandé à ceste heure, que les heures luy seront moys du désir de le veoir, et aura icy grand noblesse, fera semblant que ce sera inopinement. Souvenez de ce que vous a parlé Norris, pour parler au Mr, touchant son frère. Au reste, qu'il vienne, accompagné tost ou tart d'honnestes hommes. Ses contes manderont soubs main leurs amis de qualité, affin de faire paroistre leur grandeur; et croies que, si l'on ne change, que verrez la court icy asses grosse. En ce qui s'est passé, j'ay faict paroistre au Mr que peut ung serviteur fidelle, ne me faisant honte qui estoit avant moy favorisé et plain de biens faictz, encores icy il touchera au doibt (sic) la vérité de ce que luy direz de ma part; au moings il couchera au pourpris du logis, sera adoré de toutes les pars, et le serviray de tous mestiers fors uns, le bon pour faire mes affaires, d'estre flatteur, memteur, et trahistre. Je contante mon esprict de bien servir mon dernier estat, s'a esté de maréchal des logis.
“Vous souvienne donq de dire au Mr,
“Premièrement, le jour que parlastes à la Royne, ce qui se passa entre vous deux pour l'argent, et comme Mr de Vulsingnan [Walsing-ham] n'en osoit plus parler; si je ne luy faisois promettre, il advouera cellui.
“L'apresdinn è, comme il vint par deux foys pour me faire contanter jusques à sa venue de dix mil, de xxvm, puis alla reparler sur mes propositions, et ce que fust résolu.
“Le faict du navire, et l'occasion à l'avantaige du Mr de faire escrite à sa venue par ses forces.
“L'advis de ce qu'il doibt ammener par Mr de Vulsingnan, mais, de añer [ammener] de davantaige, remect à la discretion du Mr de la fain qu'il vouldra venir.
“N'oubliera la remonstrance de ce matin du Sieur de Vulsingnan, s'il l'on arrestoit tant soit peu à venir sur l'opinion de la Royne, et combien elle emploieroit de moyens pour se vanger.
“L'estat qu'elle faict de sa venue, puisque l'une foys elle ne fict le coucher au pourpris du chasteau, et luy faict maintenant aussy ses pansionneus qu'elle a mandé.
“Remonstra de qui me touche de ce qui s'est passé depuis le partement de Bourgueil seullement, et comme l'on me laissoit, comme soit, attaché à ceste cause, de laquelle je ne me soucie sover d'autant qu'elle peut contanter, Monseigneur n'oubliera rien à remonstrer tout.
“Aussy pour l'oblygation pour la Royne, que l'on l'envoye par Pigalle, et l'asseurance que le Mr sera icy. Cella la contentera.
“Souvenez vous, Mr Veau, que vous esties allé pour demander mon congé, et de l'argent pour pouvoir sortir, et qu'il y a ung moys et demy que j'en panseoys toucher, depuis j'y ay envoyé cinquante mil escus. Je panseoys sans demander que le Mr m'en doibt donner une bonne somme, et unite les mains plaines de vent à ceste heure, que, sur ma parolle et vostre seing, j'envoye le reste. Ne venez pour ung peu : vous sçavez ce que je doibs. Je ne suis une sansue, et veulx aussy peu passer par les mains des siens que du bourreau; ains de luy.
“Lors que luy plaira, comme je vous ay dict, qu'il choississe quelque lieu que ce soit, et esprouve si je suis cappable de le servir. Je sçay que nul ne luy en a faict plus que moy, ny de ce tour non tant qu'il mérite, mais en cella je ne puis déferer à personne. Faictes luy tout entendre, et non comme ceulx qui retiennent mes lettres, et ne luy en disent la moictié; je le feray si courtes qu'elles ne fascheront pas. J'ay faict acoucher une femme, qui en tient le lict; elle n'a plus guardé de dire qu'elle me fera ung beau présent. Je luy dis que je ne suis son moyne, mais de l'ordre St Françoys, qui demande tousjours, et plus, pour autruy que pour moy. Enfin je me lasseray de tant demander en mes justes services, et ne rien avoir.”
Addressed :—“A Monsieur, Monsieur du Baix, la part où il sera. Seurement s'il vous plaist.”
Endorsed :—“1581.”
3 pp.
1087. [“Moine”] to Du Bex.
1581. “Je m'attendoys du jour d'hier d'avoir nouvelles de mon Mr par Pigalle, lequel l'on attent icy en bonne dévotion; je ne dis la royne seullement, mais toute la noblesse, et le reste de l'Angletterre. Ores qu'elle face bonne misne, il m'est advis que vous estes ung peu long (nocet enim differre paratis). Car l'Ambassadeur d'Espaigne est remis sur quelques propositions qu'il a faict à la Royne, jusques au parler du Mr, et duquel je luy discoureray, lors que j'auray c'est honneur de le veoir. Je ne luy escriptz peur de l'importuner. Vous luy direz que sa ma s'attend qu'il luy apporte une potence pour la soustenir. La royne a advisé sur ce que Mr de Vulsingnan luy a dict, que son A[ltesse] seroit aise de se reposer ung jour, avant que venir en ce lieu; que ce fut plustot chez Stafort dict que sera plus secr ètement particuli èrement, et encores sainement, se mourant de peste es environs du logis de Mr de Vulsingnan, et l'autre est comme logis de la Royne : il est jà toust prest pour luy. J'estime que ne sera mal, et bien à son aise. Je croy que le sieur de Vulsingnan a voulu aussy fuir l'envie pour beaucoup d'occasions. Vous menerez donq là le Mr, comme ledit sieur de Vulsingnan a adverty Somer de la faire. Je trouve que Mr le Conte de Lecester est fort contant et résolu de faire service au Mr en toute façon que luy commandera. Il y en a d'autres, qui n'en sont pas trop contans, mais je suis d'avis de guarder les neutralitez. Il y a plus de dix mil escus de gaiges à la bourse de Londres sur la venue de Mr Je n'ay voulu luy mander les mauvaises novelles de Frize, que la royne a icy reçeue, de la defaicte des Angloys, et de Norris blessé, aussy de la mort de Languet, qui luy estoit serviteur. Quelques uns ont voulu faire courre le bruict, que les Angloys avoient esté desfaictz par ceulx du pays, pour n'avoir de quoy payer. J'auray du regret si le Mr n'est venu assez bien accompagné, aussy que l'on n'ait négotié d'extrêmement du soldat de Calais. Quant à celluy du prince d'Orenge, et dont le Mr a escript a Coban [Cobham], cella est vray que n'a déposé le prisonnier. Il les en avoit adverty, et tenu le mesme langaige de sa déposition. Ce discours n'est pour vous, mais pour le rapporter à mon Mr. Venez affin que je veoy en mon faict ung pied asseuré, sinon Dieu, juge de mes actions, me donnera se contentement, me retirant chez moy d'avoir le repos d'esprit d'avoir bien faict, et signallement servy mon Mr. Je le laisseray juger à ses serviteurs, et à ceux qui ne le sont pas. Ce xvj jour. Baisez les mains du Mr. Le Conte n'a que peur, si le Mr se marie, que l'autre vienne, et parla qu'il mine sa ruyne, si le sçavoit au vray. Croies qu'il brusleroit ses livres, ou brouilleroit il. Faict au baron et checun ung monde de courtoisies.”
Addressed to Du Bex, “près son A[ltesse].”
Endorsed :—“1581.”
1 p.
1088. Le Prévost to Du Bex.
[1581.] Takes the opportunity of writing from Madame de Mar-chaumont's. Desires to know his wishes with respect to the payment of certain money. The affairs of his friend are in a very bad state. Will send no more news by the bearer. Desires to be remembered to Mons. de Marchaumont.
Addressed to Du Bex,“à présent en Angleterre.”
French. 1 p.
1089. Réau to Du Bex.
[1581.] “J'ay esté très ayze de veoir vos lettres, car j'avois esté bien en peine de vostre partement si inoyuie (sic). Mr de Pons m'en avoit escript, sans me dire rien de la cause. Je désire que le vent se change, affin que vostre retour soit proche. Je ne vous puis mander de nouvelles que ce que j'escrips à vostre amy, sinon que l'on tient que le Sieur de Ballagny ha empiré sa playe à se jouer avec sa femme, non sans dangier, mais je ne le sçay au vray. Il court icy ung pasquil le plus estrange que vous vistes jamais pour les villeines qui y sont; sans cela, je me fusses (sic) donné peine de le recouvrer, pour vous en faire part. Au reste, Monsieur, tenez moy tousjours en vostre bonne grace, et pour vostre très affectionné serviteur, $ $ $ .”
1 p.
1090. Réau to Du Bex.
[1581.] “Monsieur, j'ay reçeu ce jourdhuy unes (sic) lettres de vous par un des gens de Mr le Marquis de la Roche, et une pour Madame de Marchaumont, que je luy feray tenir, car elle s'en alla hier, et rien ne la peult retenir. J'avoys envie qu'elle demeurast, que nous fussions esclairciz du faict du Sieur de Simier, s'il estoit allé en Angleterre, ou non. Depuys que je en ay escript au moins à mon frère pour le vous dire, j'ay esté asseuré de bon lieu qu'il n'y est poinct allé, et le croy. Je sçay mauvais gré au Sieur de Cobam, qui m'en ha laissé en doubte. Au reste, je ne sçay . . . . . dict [?] de les negotiations, ny vocation clair. Mr Doualzingan [de Walsingham] s'en part demain, suyvant la résolutyon que je vous ay mandée, et s'en va trouver son alt [esse], et delà en Angleterre. L'on luy debvoit faire ce seoir ung présent de ijm V[? crowns] et vc V . . . . . . . .
“Je suys marrye que n'estes venu ung jour . . . . . . . . . . . . . je vous en . . . . . . . . . . Mr de Véry. Je ne [l'ay] reçeu que ce jourdhuy. Mr de Lorraine est arrivé ce seoir, et ha faict la révérence au Roy. Les nopces sont reculées, les fiem-saill[es] ne se feront que lundy, à cause d'une blesseure de Mr de Joyeuse et maladie de Madlle de Vaudemont. L'on faict courir le bruict icy qu'elles ne se feront pas sans le duc du Cambrésiz. Mandez nous des nouvelles de vos brises, et de l'exploict de Mr de Veliemt [?]. Vous baisant bien humblement les mains, je prie Dieu, Monsieur, vous donner heureuse et . . . . . vie. A Paris . . . . . . . . . . . . . . . [Sep]tembre . . . . . . . . serviteur, et seray perpetuellement.
“. . . mme de la petite pierre est icy, qui . . . . des desseings en la teste. Il parle d[e pa]sser en Angleterre; cela s'entend, si ses finances [se?] peulvent prêter.”
This letter is in a very dilapidated condition.
1 p.
1091. Le Prevost to the servant of Du Bex.
[1581.] “Gascon, ne festez faulte, après avoyr leu la présante, de fere ramantenoyr à Monsieur Du Beix vostre mestre de me fere venir ung bon barbet, ou je vous excommunye. Souvenez vous de moy, et croyez que n'aurez jamays mellieure fortune que celle, pour le moyen de dire que je vous garde. Aymez-moy, et vous souvenez de prier Dieu qu'il ne soyt favorable. Dictez à Monsieur vostre mestre qu'il ne se pense de n'avoyr commodité de me le fere venir. Prenes la peine, et vous assurez que me ferez ung pleisir singulier. Adieu; tenez moy en vostre souvenance, et vous assurez que vostre fortune n'ait peu de mon costé. J'ay reçeu ce que tu m'anvoye. Monstrez le bas de ceste présente à vostre mestre, affin qu'il lise ce que je luy escris, Vostre bon mestre et mellyeur amy, Le Prevost.
“Je vous envoye d'avec ce petit mot le mémoyre pour Monsieur Cretophe, et n'ay eu le moyen de vous mander les recommendations de Monsieur de Thyonville, lequel est venu, conme j'escrivoys ce mont [sic, ? mot] au gascon. Il vous bayse d'aussy bonne voullonté les mains comme de bon cœur. Je vous les escris sans oublyer de tous aulx [aultres] de vostre maison.”
Addressed :—“Au Gascon, servyteur de Monsieur Du Beix.”
1 p.
1092. [Madame de Marchaumont] to Du Bex.
[1581.] “Je n'ay loysir la vous fayre lomgue; seullement vous dire que selon mon petit advis, mon mary ne doict resvenir en Franse, que les Anglois ne soict retornés et résolus de leurs négotyatyon, et lors sera apropos de revenir; austrement touttes les poesnes n'asporterois grant hosneur, et sambleroict qui ne se fust de ryen meslé, et pour se ung peu de pasyamse bien seroict apropos; la voslomgté du me [maître] en tel cas a ung bon entemdeur. Il ne fault que demy most [mot]. L'on me hastte si fort, que n'ay loysir la vous fayre plus lomgue. Tesnes moy en vos bonnes grasses.
“Vostre hostte est bien facheus, qui ne desputte nostre faict. Il ne fault point qui resmeste à umg austre. S'est luy qui faict se qui veult. Je vous ay escrit pour Monsieur de Fargis. Si pouvyes anporter de l'argen, vous seryes le bien venu, et moy ors de poesne d'en plus renvoyer.”
Signed :—“[symbol]”
1 p.
1093. [Madame de Marchaumont] to Du Bex.
[1581.] “Ma mesmoyre m'est revenue d'imfinis chausse [choses] que je vous vouslois dire, aussi s'est estonné ses amis qu'aryvent parler de retorner. Il fault lesser cousler se facheus voyage, pour juger de se que debvyemdrons, vous suplyent en se qu'aures veu cler pramdre umg cardheure de loysir pour sur du papier en fayre part aus absems. J'ay temps de divers pamsement, qu'il ne m'est besoimg d'austre compaygniee en mes promenois; en fim je désire que l'on se marye, si par se moyen l'on doict espérer estre rescosgnu de ses poesnes, et vivre avec quelque repos. Sous vostre comduyte je ferois le voyage, ou je respramdray cœur pour me mestre au momde, mais je soveterois unne chausse, que seluy, qui désire se stt lieu avec sa bonne partye, hust quelque bon sujet pour estre partysipens de sette desmeure. Pour resvenir aus finamses, selon se qu'aures apris, et estent aryvé à bon port umg mot de lettre, je y mesteray ordre, estent tropt bonne fame pour mamquer à se qui sert à la comservatyon de l'hosneur que j'ayme tropt. Mais croyes qu'estent apréhamsyve, il me vient d'estramges pamsement. Sens l'espéramse que j'ay en Dieu, je n'aurois pas unne heure de bon temps en l'hosneur de la majesté divyne. Comtynues à vousloir bien à vostre amy, et, quamt troveres l'heure propise, resmestes le toujours en la voye de salut. J'amten pour les asfayres de sa comservatyon, lesent là les dames dont vous estes si segret. Sera pour quelque austre voyage que j'en sçauray davemtaygie. Je suis très marye de ma lettre qui s'est perdue, dont je vous pryoies n'avoir austre segrétayre que le feu. Il fauldra sçavoir cheps ses mesagiers, si se paquest-si est point oublyé. J'ay oublyé à vous dire que pour la response de Momsieur de la Coste, somes for presés, et pour Momsieur de Fargis, l'on m'a a (sic) faict parler en devisent. Vous en poures, s'il vous plaict, parler à mon mary pour toujours luy fayre somgier à son fest. J'avois faict de beaus desims pour nous veoir au chemim d'ayse; il sont rompus. Je me fais acroyre que feres encores umg voyage, et qui ne sera si presse, s'est pour n'ousblyer les chemains. Tenes moy en vos bonnes grasse, que je salue en toutte husmylité, lesant les sérymonyes pour seus à qui l'on ne parle avec liberté de comsyamse. Si je fais mal, j'amenderay la faulte à l'advenir.
“Vouslent fermer sette, l'on m'a aspris de vos nouvelles, seus qui vous ont ramomtré sur les chemaims asses tart.”
Signed :—“[symbol]”
Endorsed :—“A Mr du Bays.”
2 pp.
1094. Madame de Marchaumont to [Du Bex].
[1581.] “Pour respamdre à vos deus que j'ay reseues asses ample, j'aurois tort de me plaimdre que le péché de paresse vous dosminast; aussy, parmy tent de bonnes compaygnons, sette petyte corvée vous servyra de pénytamse pour après retrover le plésir plus dous; vous ramdent grasses de la souvenemse de vos amis, très ayse qu'estes arivé à bon port, où, ayant esté umg peu désyré, l'on vous aura trové meslieur. N'ust esté la maladie de mon fis, qui a la fi èvre puis Jeusdy, je me fusse incostynent achemynée à Paris, poursuyvent se que me memdes veoir set hosneste home d'Anglois, pour m'y gousverner avec touttes les courtoysies dont je me pouray advyser. Il sufist que je sçay la voslomgté de mon mary. J'espère que son mal sesera [cessera] bien tost, et, si pouvoict avent Vamdredy, je partyrois se jour là, et l'amvoyres à Fleury avec mes nepveus, atemdent mon retour, pamdent lequel son me se pouroict guérir, estent aussy nésesayre que je voyse à la bonne ville pour mestre ordre à des asfayres, et vous tesnir des finamses prestes, pour selon sette résolutyon m'y gousverner le temps, au moimgs je me le persuade ne peult estre gu ère plus lomgs, croyant plus tost le maryage rompu que faict. Après vous aures loysir mestre ordre à vostre faict, il n'y a resmesde, ayamt jà tempt [tant] oblygé vos amis. Il fault, s'il vous plais, tesnir bon. Tout se porte bien à Préau, ayant isy vostre gramt coursyer, temps que tous ses bruis de jamdarme sois pasés, peur que l'on l'ostat à vostre fermy ère, estent ses chevaulx-là de servisse de resqueste. Je parleray, estent à Paris, pour les vanités dont m'escryves, et vous en mamderay touttes novelles. Je n'oublyray à veoir sette hosneste hostesse; j'ayme tropt les amis de mes amis, pour ne me revamchier. J'amtem de la courtesye par hosneur de se qui s'est pasé de segret : je ne veulx huser de la pareille. Seullement me comtemteray, en louent Dieu, avoir pasyamse en bien fesant. J'ay baillié le cheval d'Espaygnie à Momsieur de Réau, sans mamquérir du pris. Puis qu'il le vous a dist, je crois qu'il le vous tyemdra. Il n'y va que du temps, qui est peu avec que ses amis de seluy de la Foug ère. Je n'en suis d'avis au retour de mon mary. Il sera astent [à ce temps] de se proveoir de momture, et sera peult estre au retour de la Flandre; qui seront à meslieur marche, puis il en aura là, dont il aura faict l'espreuve pour ordinayres des seuls qui sont pour coure la bague, l'on les choissira à loysir; se sont petytes anuyes qu'il se paset aussy tost. Je veray si je puis vamdre ses deus courtevs, qu'il n'est crimte de l'argen; quant je l'auray, sera chausse sacrée, ou je ne toucheray. Je suis tréshayse que, pasent par Paris, ayes trové que vostre absamse ne vous ay faict perdre les bonnes grasses de se que désires. Il me samble que s'estoict l'opinyon que vous avois ditte en avoir, qu'il avois tropt bien choissy pour lâcher prisse. J'an auray la veue sy je puis, et sens mot dire, puis j'en diray mon opinyon. Il ne fault vous mestre en poesne de l'esne [l'aîné] pour umg petit de mal : il ne moura sy ayse. Je suis isy sens ryen sçavoir que mes asfayres et du maryage de Momsieur d'Arques. S'est tout se qui se dist, et avoir toujours umg qui court après les gamdarme (sic), dont je me suis sovée jusques à sette heure. L'arivée de son altesse à la queue la plus lomgue, et de jehans [gens], qui ne cosgnoisse personne, sortis du plus avent de la Normendye, en me sovent; mes voysims s'en sont bien trovés. Je crois que s'est tout dont se prye Dieu pour le pauvre peuple. Ses nouvelles segrettes sont comnues alieurs, les ayant sçues avent dites par Momsieur de Vileray; tout se sçay, et plus n'en dis à vous qui estes sy segret. Gardest m'a bien mamdé, comme aves très-bien poursuyvy aupr ès du me, comme l'esfest le faict paroistre, à coy je comtynuray à mestre ordre de luy. Je n'ay gardé luy parler de son fest que pour l'amtretenir toujours. Il fault sortir de quelques asfayres, et sufist de cosgnoistre l'husmeur du momde, à coy l'on rémédye avec le temps, qui me nourirt toujours d'espéramse avec Dieu qui comduict toutte chausse, ne delesent les siens. Que tent de visytes, meslées de plusieurs plésirs, ne vous fase empirer vos semtés, et perdre la souvenemse de la Framse. Ne vous imterompons de se qui vous est plus agréable, je finyray par mes bien humbles recommandations à vos bonnes grasses, avec pryr ère (sic) à Dieu, Momsieur, pour vous comserver.—De Couramse, ce (sic).
“Je veray la petyte Nyne, et l'auray avec mes fillies, sy l'on ne me la veulx refuser, ou elle ne s'anuyra. Je crins temps [tant] que sette maladie soict plus lomgue, que je ne sçay à qui m'en plaindre.”
Signed :—“[symbol]”
4 pp.
1095. [“Moyne” to the Queen.]
[1581.] “J'envoie à vostre majesté l'escript qui m'a esté donné pour y asseoir jugement selon v[ost]re prudence et recongnoistre l'escriture; si la monstrez, que l'on ne sache à qui elle soit adressée, il ne fault qu'effacer la soubsscription. J'avois escript d'avant ses deux jours de ma maladie une mauvaise l[ett]re, qu'à loisir v[ost]re mate verra. Elle n'aura esguard aux discours, mais à la volunté de vostre trèshumble serviteur. Si par v[ost]re bonté j'ay faict la faulte, la pénitence que m'ordonnerez me sera douce, quant je ne seray esloigné de vos beaux yeulx, et que je seray honnoré de vos commandemens. Permettez-moy, Madame, de me plaindre à vous de vousmesmes, qui accusez mon oublience par l'honneur de la visite que j'ay de vostre part reçeue ce matin, estant mon cueur pour souffrir les peinnes ou les contentemens de vos heurs ou malheurs. Je n'ay peu apprendre de l'ambassadeur sinon que c'estoit ung courrier, depuis je voy qui le tient par ung nommé Albroc, dont son frère est en France, et cestuy cy, comme je panse pansionné de v[ost]re Mate, m'a bien dict que la royne d'Escosse escript ordinairement en Escosse, et que celluy qui a donné l'advis est très seur. Vulsingnan [Walsingham] a envoié querir ce Jacques de Senlis. Que v[ost]re M sache que je n'ay que deux soleils à reguarder, la fidellité de mon Mr, et la possession que vous avez prise sur mon âme. Par luy aurez sceu s'il a l[ett]res ou non. Je vous supplye, Madame, me pardonner si je vous dis que les parolles miennes ne sont à vous ains le cueur pour en faire sacrifice selon son debveoir, que n'avez : possession qui vous soit plus seurement acquise, et laquelle je conserve par vos bonnes graces.—E. R.”
Seal, with pink silk. 1 p.
1096. [The Duke of Anjou (?) to the Queen.]
[1581.] “Monseigneur would very willingly have made known to the Queen of England, as the Princess of this world in whom his Highness has most confidence, and to whose advice and prudence he will always submit the greater part of his actions, what was advanced by the Prince of Parma some time ago, under colour of concluding a peace or truce for relief of the miseries and oppression of so many poor afflicted people, had it not been that, unable to gather at the first coming of the Sieur de Gongnies, governor of Quesnoy, who was sent to him by the said Prince of Parma in the town of Laon, anything certain, having spoken to him only in general terms, he could not have given her Majesty any intelligence of that affair; besides he judged sufficiently from the progress of his discourse that he would perchance return with some little power, delegated a second time as on the first journey. This having taken place, and the said Sieur de Gongnies having returned to this town, where he has remained a fortnight or more, appearing to be in no hurry, he has at last on the part of the said Prince of Parma proposed peace between the King of Spain his master, and his Highness, on condition of the latter restoring to his Catholic Majesty the town and citadel of Cambray, in the state they were in formerly, and then that his Highness [? Majesty] should enter and enjoy them, as the Emperor his father and himself had done. On which proposition, his Highness caused him sufficiently to understand that he did not believe de Gongnies had come to him with that charge only, and that it was a first overture, fierce and strange enough to lead to some other more tolerable and reasonable. After this reply, the said Sieur de Gongnies remained a very long time without asking for another audience, making very good cheer in the aforesaid town, both in looks, and by shewing that he had not too much care about his return; his Highness hoping, since de Gongnies lived so freely among his own party, and allowed himself sometimes to enter into talk but little favourable to the Spanish party, that he had something better in reserve. However, when it came to the point, and it was necessary for the matter to be cleared up, he persisted in his said proposition. Whereupon his Highness declared to de Gongnies that he had determined, if he kept to that condition as he saw he was doing, to hold no conversation with him, since it was a strange and altogether unreasonable matter. Perchance, the said Sieur de Gongnies, and many others belonging to Hainault and Artois, who were chiefly interested in this war, had not well considered the right and title of his Highness to the protection of Cambray and the Cambresis, nor of how great importance it was to all of them that he should remain the peaceable possessor thereof. So his Highness told him briefly, that he had neither usurped nor taken anything from any one; that he had stretched out his arms to poor people suffering under an extraordinary tyranny, who had always a right to be regarded neutral, and had always enjoyed it, until the Emperor Charles, father of the said King of Spain, annexed that right to a citadel, where at length a garrison of Spaniards was put, and the said town made to serve as a frontier town to France, where formerly the French were received and admitted like all others, as is customary in a neutral town; that the right to it, pretended by the said King of Spain, can be no other than that which he has by succession from his said father, who without doubt had lost the protection of the said town by the construction of the above-mentioned citadel, and therefore the said people and inhabitants had the lawful power and right to call to their help and protection whomsoever they thought good. Whereupon his Highness treated with them, succoured and delivered them from being besieged by the army of the said King of Spain, which had remained there nine whole months, and (what is to be noted) when they were reduced to such extremity, that they were almost constrained to submit themselves, with ropes round their necks, to his mercy and discretion. And this they [the Spaniards] hoped to effect, to make the right of possession more assured, and to say that, having conquered them by arms, they could no longer be called neutrals, nor the place a free town. This his Highness had prevented, and raised the said siege in person, with a good and strong army, had entered into the town in the view of the army of the said King of Spain, and had taken possession thereof in person, the oaths being solemnly sworn by all parties. Thus lawfully, and with good title, had he acquired the said protection, [?from those who were] entirely satisfied with his promises, according to the treaty. And therefore his Highness holds nothing, to which the said King of Spain can, or ought to, pretend any right. The other point that his Highness represented to de Gongnies was, that the Spaniards having grown fat on the blood of the people of the Low Countries, and especially of those of Hainault and Artois, who were going to ruin, and were more eaten up than all the rest, they will never ask to see the war ended, nor will even the Prince of Parma. For what greater or more honourable charge than the one in his hands could be had by him who, to be at a distance from the King of Spain, holds no less authority than the King. So that they profit by the ruin of the whole country, which at length will be so exhausted that they will be constrained at last to put themselves in his hands; and those who favour them in the country, without whom they could not subsist, will be the first to feel the evil on their heads; it being certain that the reconciliation is very badly assured for them as regards the Spaniards, whom they cannot deny having put to hard terms where they are; nor that they have despoiled the King of Spain of his own heritage, and afterwards have ranged themselves on his side to enable him to recover it. These considerations his Highness represented to the said Sieur de Gongnies in great detail and with such apt reasoning, that he remained as though astonished by them, and as if persuaded to give them some credence. Whereupon his Highness concluded that, when it was a question of coming to terms of peace, it could be neither good nor assured for them, when the King of Spain had Cambray in his free possession, but well and good, if it was in the hands of his said Highness, who would form as it were a counterpoise to his unmeasurable greatness and insatiable ambition, and the true subject and bridle, for making him keep what should be promised them in his name; so that, when he wished to act otherwise, his Highness could assist them in such a way that the King would fear to make the attempt. In fine, his Highness begged the said Sieur de Gongnies to understand his discourse aright, and to take it in good part, and gave him the following reply to his demands :—
“Monseigneur, having heard the proposition which has been made to him by the Sieur de Gongnies, has been unable to reply, since nothing of a similar tenor has ever been advanced or thought of. And therefore, the said proposition being very important, and as the decision on it cannot depend on him alone, Monseigneur desires to have thereon, first of all, the advice and counsel of the Princes, Princesses, and others, his allies and confederates.”
French. 2½ pp.
1097. [The Queen to the Duke of Anjou.]
[1581.] “Mon trescher, je voy bien que Dieu exhause les pri ères des vielles, pour vous avoir aydé comme par la main, pour arriver en telle mode à vostre gloire et honneur, comme moymesmes l'a prié à genoulx pliez, c'est à dire, pour vous permectre à faire si grande action, sans malheur à vostre personne, sans grande effusion de sang, et vuide d'aulcune louange à l'ennemy, et avec leur honteuse retraicte. Je ne doubte nullement, mon trèscher, que n'ayez tant plus en admiration la bonté divine, en tant qu'il a surpassé les entendementz humains, de veoir si grande force assemblée sans commandement du Roy, voire avecq sa défence expresse, ung si grand nombre reiglé sans expert lieutenant, et que plus est, gouverné par vous seul, sans l'ayde d'aulcuns vieulx sçavans capitaines, n'ayant conselliers que je puis entendre, d'où vous vous puissiez servir au plus grand besoing. Oh que mancquementz et defectz sont ceulx-çy pour prester quelque espérance, que voz affaires allassent en bon ordre, et nonobstant que quasi par miracle Dieu vous a faict ceste extraordinaire faveur, ne le temptez jamais (je vous supplie bien humblement) une aultre fois, sans estre mieulx fourny; car, si la sequele eust advenue maulvaise, il n'y a personne du monde, qui vous ayme le plus, qui ne vous eust condamné comme digne par tel commencement d'en reçevoir la peine. On dict que la gaieure [guerre] bien faicte est à demy gaingnée. A ceste heure, monseigneur, que avez accomply très dignement la promesse aux gentz de Cambraye, qui l'ont reçeu par bonne mérite, contentez-vous-en, sans plus hasarder, considérant le temps de l'yver idoyne pour soldatz de se reposer, et princes de leur retirer de guerre. C'est à eulx en leur cabinetz de donner ordre à leur affaires, et par icelluy de garder le gaingné, en permectant que ces troupes qui arrivent pour vous ruiner nuissent aux authers [sic; auteurs] de leur accès, et permectre qu'ilz s'accablent par leur mesme poix. S'il plaisoit au Roy de deffendre l'ayde des victuailles que la France leur permect, et que les estatz soient dilligentz à ne perdre par finesse leur villes de grande importance, ils seront asses las de leur nombres : et si l'espée n'eust esté mandé au Prince de Parme pour vous combattre, croyez moy que ses propres troupes l'eussent destruict au champs. Je le vis escript au roy d'Espaigne par Taxin [de Tassis] en une lettre qu'il envoye le xxvjme de Juillet. Vous voyez comme l'affection de vostre bien me transporte, vous suppliant de m'en mander vostre pardon, et de croire que combien que n'ay le cerveau pour vous servir d'aviz, si ay je l'âme qui vous soubhaiste tout le mieulx qui se peult désirer, comme Dieu sçait, à qui je prie de vous donner cent ans de vie.
“Je ne vous puis rendre la moindre part des grâces très bumbles que je vous doibs pour avoir tant honnoré la jarti ère, qui si peu vault, que ce n'estoit jamais digne d'ung tel porteur, et vous asseure que la jambe qui la porta iroyt tousjours très voluntiers audevant de quelque danger, qui vous peult arriver.
“Si ce gentilhomme n'eust esté extrêmement malade de fi èvre continuelle, il n'eust failly à se pr èsenter à vostre service fort bien fourny, et pour ce, je le vous recommande pour gentilhomme fort bien nay[né] et sage et très vaillant, et fort dévot à vous servir, qui vient seullement à cest'heure de voir l'heur de vostre belle présence.”
Endorsed, in Elizabeth's hand :—“A Mounsieur, by Parot;” also, in another hand, “N. 25.”
Draft. 1½pp.
1098. [The Queen to the Duke of Anjou.]
[1581.] “Je ne puis exprimer, Monsieur, le contentement que je sens de retz qui sont rompues, et vous si hureusement eschappé de telz liens, si je ne regretasse trop voz ennuis, et ferois sembler inhumaine en adjoustant plus de maulx. Je ne laisserois à vous condamner pour la source de telz inconvéniens, estant bien digne de cuillir telle venda[n]ge de si inique moisson. Esloignez, je vous prie, si meschans conseilz de la faveur de voz oreilles, et croyez que quelque mauvais mérites que aultres vous feront, c'est tousjours pour ung Prince de se resembler. Je vous ay communicqué par Somer autant que mon ignorance vous peult impartir. Considérez la vraye baze de toutz mes escriptz, qui ne tende à autre but, sinon pour vous conserver en toute seurté et honeur. Dieu m'est tesmoing que je n'eusse [sic; n'use] jamais de finesses ny stratag èmes pour me faire du bien à voz despens, comme peult estre que plus fines et moins fid èles le font bien souvent. Esprouvez par leurs fruictz la variété et incertitude de telz espritz, et par là assies vostre jugement, et traictez tellement ceulx qui ne cherchent rien pour bon, sinon tout, pour vous, en sorte que leur âmes ne jectent souspirs par faulte de meilleur salaire, et que vous ne leur souhaites, quant leur espritz se estourderont en lieu de vous vouloir complaire. Je ne doubte poinct mais que le rocher sera asteur [à cette heure] assailly de plusieurs orages et de ventz qui souflent de divers climatz. Je vous souhaitte si bon astronomicque que puissiez juger de l'advenir, et clairement cognoistre où ilz tendent, de peur que évitant Silla, ne tumbes en Caribdez. Monsieur, mon trèscher, octroyez pardon à la paouvre vieille qui vous honore autant (j'ose dire) que quelque jeune garse que trouverez jamais. Je vous mercy un milion de fois de ce que m'escripvez du bord de vostre pays, où la gouvernante désire avoir la grâce de vous pouvoir servir en quelque endroict, nous asseurant que l'Angleterre ne poss ède rien de bon, qui ne vous sera dédié, pourveu que pour telle le traictez. Oyant que Dunquirke ne vous conc ède trop bon ayr, je vous soubhaite quelque lieu plus sain, me doubtant fort de la continuation de vostre santé, que j'entends par Du Bexs estre meilleure que plusieurs autres de vostre train, pour lequel messangier je vous mercye bien humblement, estant le premier despuis Baqueville, qui demeura plus d'un demy an chez moy, et croyez que je ne seray faschée si à chascune heure en recevoise une lettre; elles me sont si cordielles que vous n'avez scrupule pour les me mander, car autrement je me penseray morte en vostre opinion que je mériteray de me conserver seure et immaculée : comme Dieu sçait, à qui je prie vous conserver de tout mal, et vous donner cent ans de bonne vie, me recommendant mille fois aux petitz doictz.”
Draft. 1 p.
On the second leaf of the sheet is the following note :
“Maistre Moyne, vous estes si grand divin que ne pouvez ignorer comme, quant Pilate et Caipha furent bons amis, l'Innocent mourust. Dieu garde l'inculpaples (sic) de ne souffrir la paine que mal fondez pactes méritent. L'amitié est la mieulx gardée entre semblables; des ennemis reconciliez conservat Deus dominum tuum. J'oy d'estranges projectz et bons comendantz, mais les escoutantz, qui n'ont leur partie à souvenir, sont les plus libres de pation, et plus clairvoyants des actions. Nous disons, bel fin touta la vita honora (sic). L'arain rend aux ignorans aussi bon lustre que l'or aux orph èvres. Je prieray pour les yeulx de vostre maître que nulle masque n'offusque bon jugement de ne cognoistre la personne. Donnes luy bon advis, et en soyez hardy, pré-posont (sic) son bien à la volunté de luy complaire. Adieu, Moyne.”
Endorsed in Elizabeth's hand :—“To Mounsieur my letters;” also, in another hand, “N. 23.”
Draft. ½ p.
1099. [“Moine” to the Queen.]
[1581.] “Vostre Majesté a veu bien particuli èrement la résolution du Roy, par ce que vous en a peu escrire Sommer [Somers], sçeu par moy la volunté de mon Mr, apportée par Du Bex depuis, aveq la très-humble requeste qu'il vous faict entendre par l'Ambassadeur, à quoy il consent maintenant en faveur de mariage, le tout désirant estre finy pour apporter la longueur, ruiné de toutes pars, hors ce qui est de la grandeur du Roy de Castille : sçait [c'est] a v[ost]re Ma à mander ce qu'il vous plaist. Ne me trouvant asses saige et advisé pour donner mon advis, si enveoierez le sieur de Vulsingnan, ou nom bien sçayte (sic), qu'il a toute creu, ou croist maintenant, que de deux corps dont est composé ce traicté de mariage, l'ung pollitique et l'autre naturel, que nul ne peut vous aimer, ny l'estat de v[ost]re royaume, qui n'approuve le mariage comme très-sainct et salutaire en ce qui est de l'estat; pour le naturel, cella despand de vous, Madame, et de longs services de mon Mr, non d'ung conseiller. Je croy que l'aimez tant que ne luy vouldrez donner commission que trèsagréable et plainne d'une franche et plainne résolution, affin de ne faire la moquérie et la envie de mon Mr plus grande, qui, pour son fidelle amour et longue patience, reçeveroit la honte et le dommaige. L'estat des affaires presse, tant qu'il ne peut endurer de délay. Pour sa personne, ce qu'aurez agréable, mon Mr l'aura tousjours, et croy qu'il sera chargé de v[ost]re absolue volunté, ne remettant à son advis, ny y allant encores pour sonder les voluntés de leurs Matés de les ambarquer en une guerre sans l'accomplissement du mariage, que je sçay certes les resfroidiroit de beaucoup de bonne volunté. Ayant fait candidement négotie aveq vostre Ma, mandez ouy ou non, je vous supplye. Vostre moyne ne vous a rien dissimullé. Il désire que soit la bonne volunté et les services de mon Mr, qui vous y appelle, non les nécessités des choses à escheoir, que vos conseillers vous peuvent représenter. Mon Mr, Madame, peut perdre à n'acquérir la chose par le faict de Flandres, et vous, d'une heureuse et paisible fortune, et ung estat plain d'afflictions, tesmoing vos Irlandois, ce que sçavez d'Escosse, et, que je vous ay plusieurs foys dict, l'apostume cachée en vostre royaume, la résolution du Roy d'Espaigne de non seullement favoriser vos ennemys, ains d'avoir conjuré v[ost]re ruine, et aveq le pape et avec potentas d'Italie, les princes en France alliés du Roy d'Escosse, et indignité faicte à nos mrs, la ruyne par là de son A[ltesse], la perte des Pays Bas, et le peu d'espérance de ce prince de Portugal, si vostre Ma faict leg ère chose de tout cella. Elle doibt poiser la conséquence, et ne perdre une seulle heure de temps. Pour ce, Madame, envoies celluy que panserez, qui vous pourra fidellement servir. Lorsque je vous nomme le sieur de Vulsingnan, sçait [c'est] pour le trouver plus disposé à faire dilligence des quatre que retenez à la résolution de ses affaires. La confiance que avez aveq luy m'asseurant que ne le désadvouerez de ce qu'il fera, et que ne le vouldrez charger que de ce qui les pourra beaucoup contanter. Sans plus y retourner, je vous ay, Madame, tant et tant de foys proposé la volunté de mon Mr, que je n'y puis rien adjouxter. v[ost]re Ma se peut souvenir ce qu'elle luy a mandé. Ses actions parlent assez pour luy. Faictes qu'il voye plus clair qu'il n'a faict, affin que puisse faire ung certain establissement de sa fortune. Il a promis de lever le si ège de Cambray; sa foy y est; cella hors, il est libre. Pardonnez, je vous supplye, à vostre Moyne, qui vous aime plus que vous ne vous aimez, et qui désireroit entre tant et tant de rares vertus veoir en vous plus de résolution. Je suis supplyant et trèshumble requérant; sçait [c'est] à vous à exaucer ma prière, ou bien la rejecter, puisque à l'opinion, les ungs veullent le mariage aveq la guerre, et sans cella ils en font peu d'estat; les autres le veullent et ne désirent la guerre, et de vous je n'ose dire que je n'ay peu sçavoir ce que voulez, sinon que, pour le contentement de mon Mr, j'ay creu le mariage, et par toutes les raisons du monde. Pour conclusion, vous me ferez cest honneur que de me déclarer rostre volunté absolue, affin que tout aussy tost je la puisse mander à mon Mr, et delà reçeveoir son dernier commandement, affin que son honneur ne demeure si longtemps engaigé, et moy moqué d'ung checun. Je prye Dieu que vous veuille très bien conseiller, et donner à v[ost]re Ma ce que vous désire : Vostre très-dévotieux, trèshumble, et très-obéissant, Moine.”
Endorsed :—“Moyne.”
Seals, with silk. 3 pp.
1100. [“Moine” to the Queen.]
[1581.] “D'ung vain discours et de parolles inutilles empesche . . . . . . . . belle Ma vous escrivant vostre trèscher, vostre Moyne, . . . . . . ignorance, ne commettera une si lourde faute, encores que je sache qu'accuseries seullement mon affection, qui surpasse en effect toutes les autres. Ainsi vous l'ay promis tant que le chef d'œuvre de Nature m'honnerera de son amitié, se peut aussy asseurer de ma fidellité, et quoy qu'il y ait, l'on ne m'en peut oster les moyens; ny le temps ny le lieu n'ont en moy rien diminué. Je sçay qu'entre faire et dire il y a beaucoup de différence, et qu'entre les espines naissent les roses. Aussy je ne veux en ma nation rien qui me puisse esgaller, puisque j'aime, j'honnore, et je sers, la plus belle, plus vertueuse et grande Princesse de la Chrestienté. Ce porteur, le Mr l'a choisy pour panser que luy donnerez plus favorable audience qu'à une autre, sachant qu'aveq v[ost]re Ma il est serviteur domestique. Je ne l'ay nommé, et pour cause croies, belle déité, qu'il est fidelle et secret, et lequel je sçay m'aimer non plus que tous les hommes du monde, mais plus que il ne se aime. Pour ce, je n'ay voullu tracer ce papier de tout ce qui se passe, le remettant à luy très bien instruict de la France et de la Flandre. Il vous dira que vostre vallet a belle patience, laquelle il n'est pas résolu de guarder longue, vous protestant devant Dieu, et vous supplye de vous en souvenir que je ne me trouverray pas jamais en conseil, où l'on veuille manquer à ung seul poinct de foy. Je vous supplye très-humblement le vouloir croire de ce qu'il vous dira de ma part, luy commander vostre volunté. Vostre Moyne n'a faute d'amys, ny de moiens. Je baise . . . . . ce jardin de viollete et la blancheur de . . . . . . . Pryant Dieu vous maintenir en prospérité en v . . . . . . . et moy en vos bonnes grâces.”
[Postscript] :—“Après que du Bex aura dict sa charge comme ambassadeur, F luy donner la genne pour une partie de la vérité, qui n'est pas toute bonne à dire quant au Moyne. Il vous asseure que quelque pri ère que l'on luy face, qu'il s'en ira chez luy, pour l'indignité que l'on luy faict. Je vous dis que vous estes trop bonne. Je demande v[ost]re bonne grâce, car de v[ost]re faveur j'ay. Je n'en emporteray que du vont (isc).”
Signed :—“[symbol]”
1 p.
1101. [Simier to the Queen.]
[1581.] Je vous ay anplemant escrit part unt jentiliome (sic) anglois, noumé Bos [? Bowes], qui me fit aller trover vostre Majesté en toute diligence. Je vous mandas par luy le passage de Monsieur à quatre lieus de Seans [? Sens] , allant dresser sont armée en Allansont [Alençon]. Vous ares veu la copie de la lectre que le singe lui a mandée, et la réponce la royne de Navarre, avant sont partement, l'a faict obliger part sermants estremes de ne rien fere pour vostre singe, quelque requeste que vous luy en fisies, mes plustost de le ruiner du tout. Toutefois, je sai que Monsieur n'est pas trop satisfaict d'elle, à cause de ces desportemens infames, et véritablemant estranges, et d'un pernisieus esse [m] ple. Il ne ce truvera en istore du monde une vie parellie à la ciene [sienne]. Son mari cet [sait] tout. La pais n'est gaires bien asurée, et ceus de la religion n'ont de créance avec Monsieur, estiment qu'il s'antande avec le Roy de France, ce qui est très faus, car je vous pes assurer, qu'il sont très mal ensanble, telement que vous le pouves toujours contanter de peu de chose. L'omme que vous saves est arivé ce jourduy, dousième de ce mois. Je [j'ai] bien considéré ce qu'il m'a dit de vostre part, et quant à ce que m'aves escrit, je vous dire à peu pr ès pour quelles occasions Monsieur demande permision de vous aller visiter couutrement, comme il a desjà faict, bien que par la responce que vous luy F, il est ases d'ocasion d'espérer peu au mariage, et vous çeres oujours deschargée de tout ce qui en pouroict avenir, si après, avec autan d'oneur qu'il est posible d'en désirer, mes de Monsieur, toute la Crétienté dira qu'il ara es [t] é refusé pour la çegonde fois. Il n'y a personne en ce roiaume, ne, je croi, au monde, qui ne tiene le mari [a] ge pour faict. Le Roy de France aiet resu despuis peu une fort longue lectre du sieur de la Mauvisi ère, laqu [e] lle ne contenoict en sustance que l'amourt et gr [a] nd affecsiont que la royne d'Angletere portoict à Monsieur, assure toujours le mariage sur sa vie, ceus aucune difficulté. Il tin ces propres mots, parlant à la royne m ère.'Le croies vous, madame?' 'Oui,' dict elle, ' et m'en assure.' 'Non fais pas moi,' dict le Roy,'mon embassadeur est trop sot pour juger si particuli èrement de l'intantion de la plus fine fame du monde, et vous truveres,'disoict il, 'que Monsieur n'ara ne fame ne argent, et que, par faute de moiens l'antreprise de Flandres ce perdroict, auçi bien que Quanbre [Cambray].' Et parceque jusques ici l'on a parlé différenmant de la disgr [a] sse du singe, et, çelon ce que je peu aprandre, l'on l'a vollu blâmer d'avoir intelige [n] ce au Roy, je vous peus sertifier qu'il n'y pansa james, et sur ce propos je vous veus faire ung discours que vous trouveres bien estrange, néanmoins ausi véritable que la parolle de Dieu : et, pour autant que l'affaire est de grandissime (sic) inportance, je vous requiers, après l'avoir considéré, l'oblier, pour ne vous en souvenir james, comme fera le singe, lequel, je m'asure, endurera plustost c'on ne tire à quatre chevols qu'il en auure [ouvre] james la bouche, quar, quelque mal c'on lut fasse, il ne peust oblier l'affetiont qu'il a toujours portée à Monsieur. Vous deves entandre que Fervaques, estan de retour devers la royne de Navarre, où Monsieur l'avoict envoié, il mit dans la teste de Monsieur, que, pour venir à bout de tous ces desains, il n'y avoict pas ung melieur rem ède que de faire mourir le Roy, que s'étoit le seul moien de se metre à son aise, et de n'avoir plus affaire de Jupiter [the King of France], ne de ces moiens; qu'il avoict homme en main, qui le fairoict, que le Roy alloict souvent seul, et dc nuict, priant Monsieur de ne m'an dire rien, et que j'étois trop concie [n] tieus. Toutefois, Monsieur, la nuict suivante, lorsqu'il eut unt peu dormi, il apela le singe, qui couchoiet seul en sa chambre, et sur les deus eures après minuict ce faic aporter unt flanbeau, et coumansa à discourir au singe toute la proposision de Fervaques, que Bilani prometoict de faire l'essécusion. Le singe aien ouy telles parolles, vous deves croire qu'il fut fort estonné. Il ce mest lors à genous, et pria instanment Monsieur de ce recoumander à Dieu, qu'il y avoict aparence qu'il en fut du tout abandonné, c'une telle délibération estoit maudite, et de l'inv [e] ntion de Satant, et autant periliese pour l'onneur du monde que pour la perte de l'âme, que tels esse [m] ples souvant avenus par ceus que le diable avoict poucés à ce désir de reigner avant le tamp, mes que leur après n'avoict pas esté longue, ains de poçeder comme meurtries usurpateurs, et indignes d' [u] ne telle grandeur, qui repr [e] se [n] te l'image de la puisa [n] ce divine, et, qu [a] nt tot cela n'y çeroit point, qu'il y avoict unt Dieu auquel il faloict randre conte. Tels et sanblables propos fure [n] t tenus par le singe pour d'av [e] rtir unt çy pernicicus desain, luy r [e] mostran la méchanceté de ce luy qui luy avoict proposé cela, qu'il avoict grand reson ne ce fier james en luy, que tout ce qu'il en faisoict n'etoict que pour son particulier, comme celui qui a esté plusieurs fois condanné et santantié par la justice. Ce propos fut continué pr ès de trois cures, telemant qu'il me sanbloict que Monsieur avoict t [r] és bien prins les remostrances du singe; le remersia et lui fit plus de careces que james. Il coumanda au singe de n'en fere aucun sanblant au dit Fervaques, ains vivre avec luy comme j'avois acoustumé. Toutefois, il ne fut oneques en ma puissance, car il me sanbloict voir unt diable, telemant qu'il en fict plainte à Monsieur, pour savoir s'il m'avoict comuniqué l'afaire. Je ne sai si, sur cela, et à la persusiont de l'austre, Monsieur pansa que le singe portast quelque affection au Roy, tan ja que voilà la cose principalle de ma disgrace, et sur quoi l'on fict desain dé faire mourir le singe, lequel, je vous peus assurer, ne fut james poucé que de sa propre conçience; car d'avoir aucune affection du Roy, il ne m'est james entré dans l'âame, car oultre que j'aimois Monsieur avec pation, le Roy ne m'a james faict que mal, et oult [r] e je n'ai james creu qu'il peust vivre, voilà pour quoi l'on ne doict james croire que se fut intelige [n] ce. Voilà qui cont je toute vérité, et sur ma vie et sur mon oneur, et cose que je ne dire james qu'à vous, coume devan Dieu. Je sai bien que sans vous l'ont m'eust faict mourir à quelque prins, que ce fut ce fut la royne de Navarre en a recharché asses d'invantions, et ce par le moien de Fervaques. Vous poures ases entandre parr ce discours que Monsieur ne pouvant parvenir au mariage, il çera bien aise s'alier avec vous, en sorte que s'il avenoict que ce desain c'on luy propose envers le Roy fut descouvert, que part votre faveur il fut conçervé. Voilà une des modes par laqu [e] lle vous poures ronpre doucement; l'austr [e] est, si luy voulles oromestre quelque espére [n] ce de çecours pour la Flandres. Ces deus moiens le retiendron toujours vostre, et à vostre dévotion, telemant que Monsieur pasant en Angletere ne vous peut aporter c'un onneur grant et crainte à vos enemis, que plust à Dieu qu'il fut desjà aupr ès de vous. Je sai bien qu'il vous parlera du singe, et que vous poure faire pour luy tout ce qu'il vous plaira. Je le remes du tout à vostre vollonté car le singe, quoiqu'il en soit, ne veut despandre que de vous, et s'asure avant mourir vous faire unt bon service, comme je y suis bien y tenu. Je ne falire à suivre le concel que me mandes touchan le Roy. Je me randras plustost Tur [c] , mais je suis ci mal treté de Monsieur, qu'il n'est poçible de plus; car, encores qu'il vous a mandé qu'il n'a rien este au singe pour l'amour de vous, je vous peus asurer que çi; et que despuis que le singe est en disgr [a] sce, il n'a joui ni d'estas ni de ces gages au pançions en sorte du monde, telemant que ma m ère a esté contrainte de v [e] ndre une petite tere pour me secourir, chose qui n'aporte pas grant onneur à Monsieur. Vous le pouves ardiment dire à Marhomon [Marchaumont], car cet [c'est] la pure vérité, s'il. . . . . . . . . .”
[The conclusion of the sentence has been torn off. The whole letter is in cipher, but it has been partly deciphered by Elizabeth herself. Without date or address.]
Seal with brown silk.
5 pp.
1102. [Simier to the Queen.]
[1581.] Le lontans [long temps] il me sanble y avoir, que je n'ai eu nouvelles de vostre Majesté me mest en grant paine, cregnie [n] t que mes henemis ne m'aient encores de nouveau avec leur maudis artifices procuré ce maleur, que de m'eslognier des bonnes grâces de vostre Majesté, d'autant que despuis que le jentiliome, que je vous avois envoié, est de retour, je n'ai entandu de vous aucunes nouvelles, bie [n] que je vous aie escrit plusieurs fois lectres arçs inportantes. Le retour des comiçeres a du tout faict perdre à unt checunt l'espérance c'on avoict du mariage. Le maréchal de Coce [Cosse] en a parlé trop libremant, et plus qu'il ne convenoict à home de son eage (sic). Je crois que çeres bien avertie de tout le prince daufin parle de votre Majesté, le plus onorablemant qui ce peut imaginer, et ne ce peut souler de lever vos perfections. Cela me randra son serviteur toute ma vie.
(fn. 1) Il ce dr [e] ce une antreprise sur la Rochelle. Çi vous pançes que cela puisse aporter coumodité, vous leur douneres avis que l'antreprise ce manie par unt noumé capitene Lort, frère d'unt ministre. Vous sarez par ce moien plus que je ne puis dire.
Despuis que Berville a esté de retour devers vostre Majesté, et que les coumiçeres comicion ères sont de retour, je [j'ai] esté çant fois piremant treté de Monsieur. Il l'a douné despuis cinq jours à la requeste de la royne de Navarre douse sans livres de rante sur la bein [bien] de Bourgeul, à ung des jeans [gens] de feu Buçy, qui est qu [a] si ce qu'elle vaut. Je l'ai prié de luy donner le tout. Je vous prie que vous, ç'il es resounable que je sois çi mal treté, et çi cela n'est pas bie [n] loing de me poier ce qui m'est deu, ou bien pour l'amour de vous, de me donner qu [e] lque oneste reconpance, coume vous m'avies asuré la procurer à l'endroict de Monsieur. Je vous suplie très humblemant, madame, qu'il vous plese m'acorder l'une de ces tr [o] is requêtes, avec les plus ardantes et affectionées pri ères, que j'aie james usées envers vostre Majesté. La premi ère, d'inpetrer de son alleçe qu'il mete fin an mes afferes, et qu'il ce descl ère envers vous de sa volonté; ç'il désire que je meure, je consans à ma mort; ç'il veut que je me tiene en ma maison, je luy promes de n'en partir james, qui ne me le coumande; ç'il veut, que je sorte ors le roiaume, qu'il vous die le lieu ou il ira agréable que je alie [aille], et je n'y feria poinct de faute; ç'il veut que je m'alie mestre prisonier, je m'y randre auçitost pour y demeurer tant et çi peu qu'il vosdra. Je crois que mentenant qu'il a parl è au Roy. Il est ors de doute que j'aie james pançé à lui faire unt deçervice, qu'il ç'açure que l'on me tirera plustost à catre chevols [quatre chevaux] que je auvre james la bouche de ce que je vous ai mandé. La çegonde, que en conçidéraçion de tant de tant (sic) d'ouneur qu'il m'a faict autrefois, et prinçipalemant en faveur de vostre majesté, que oulte ce qui m'est deu en ça meson, il me doune quelque petite reconpance à fin que j'ae (sic) moien de vivre parmi les jeans [gens] d'ouneur, et qu'il ne permete pas à mes enemis, qui ont pouvoir en ça meson, que ma m ère çoict tous les jours forçée de vandre ça tere [terre] et mon bien pour poier les detes de Monsieur, dont je me suis obligé sous titre de boune foi, et par le coumandemant de Monsieur. Je ne vous dis rien que tout le monde ne sache en ce roiaume, et ç'il vous plest de vous enquérir du çieur Palvesin, que bie [n] cognoiçes, il vous dira que ça partie jes avec plusieurs aultres; ne [n'ai] je pas roson de me plaindre. Je vous jure que cet [c'est] unt des principauls poins que l'on m'a mis en avant, pour me persuader à prandre le parti du Roy, chose que je ne ferai james, que vous ne me le coumandies; je me trop mieus demeurer le plus pauvre jentiliome de France que fere telle bleche à mon oneur. Bie [n] vous veus je suplier, pour la troisi ème de mes requestes, que çi par fortune Monsieur use de ces longeurs acotumées, qu'il vous plese trouver bon, qu'après avoir prins reson honorabl[l] e du tort que me tien Fervacques, tel que vous saves, qu'il qu'il (sic) vous plese me reçevoir au nonbre de vos sugets, pour vous y faire fid èle service soubs la charge du moindre de vos capitenes. Je vous suplie d'avoir souvenance du çinge vostre, et qu'il vous plese metre bientos [t] fin à ça mis ère, et il çera glandemant [? grandemant] tenu de prier Dieu pour vostre majesté, à laquelle je baise çant et çant milions de fois très humblemant les bel[l] es et blanches mains.”
[The whole of the letter is in cipher, but a few words have been deciphered by Elizabeth herself. Without date or address.]
Seals with yellow silk.
4 pp.
1103. Portugal.
[1581.] Paper headed “Obligacions de la Couronne de Portugal,” being a scheme to prevent any claims of foreign princes to the Crown of Portugal; together with details of a system of government and international rights under the guarantee of England, France, and the States General.
French.
pp.
1104. [T. Bochetel to Du Bex.]
[1581?]. “Lors que je me suis sentie vous aytre [être] plus aubligée, la fortune m'a voullu fere paroytre qu'il ni [n'y] a rien qu'il ne soyt sujet à changement, voyiant pour si lig ère aucasion avoyr dame contentement. Quant consid ères de quelle fason je le vous ay dit, vous jugeres que se n'a point esté pour vous offenser. Se n'est point mon naturel de fâcher qui que se soit, et moyns seus qui sont de mes amis; et, s'il vous playst, Monsieur, de songer combien vous m'aves fayt la gerre de chose qui me pourroyt déplere si chaut que les disies à riant, je ne m'en suis auqunement fâchée que, si j'use [eusse] pensé autrement, je ne vous use voulu non plus de bien qu'à ung que vous connoyses. Je vous prie dont ne vous imaginer que la vérité et la liberté que j'ay husée avec vous depuis le premier jour que vous esté venu jusque à présent, vous aiant veu fere le senblabe an mon androict; et tel je vous voyie aytre, je le sere, an se qui sera sayiant [séant] à une honnayte famme. Escuses, s'il vous playt, si ma letre si mal escrite suyt avec incomodité, pour aytre au lit, lase de la journé dier [d'hier]. Adieu, Monsieur.”
Signed :—[symbol]
1 p.
1105. Madame de Marchaumont.
[1581?]. Two fragments in Madame de Marchaumont's handwriting, as follows :—
“Si j'estois dignie que sette belle asme de Momsieur Bosdin se souvimt de moy, je luy prirois me tesnir en ses bonnes grasses. Mom oncle de Forsillie vous prie pour six bas d'estame à vostre retour.”
½ p.
“Madame de Fleury m'est venu veoir sette après-dignee, qui m'a interompu mes despeches. Je n'ay pas escrit la moytié de se que je vouslois à mon mary. Il m'excusera pour se conpt, s'il luy plest, ny heu loysir escryre à Hausdeterre, comme je l'avois deslibéré, ayant esté contrimte me haster. $.”
½ p.
1106. Royal Letters.
[1581?]
1. [ — to Queen Elizabeth.]
“Madame, (fn. 2)
“Selon le temps avec (fn. 3) par les commissaires me résouldre d'une derni ère résolution en ceste affaire. J'ay pensé le mieux d'envoier au Roy et à vous un homme bien confidant pour dilater bien rondemant mes conceptions, et par là entendre voz dispositions, par où je puis mieux fonder ma response. Et à vous, Madame, je fais ceste humble requeste, de luy dire clairemant v[ost]re opinion, vous assurant de luy qu'il ne luy sortira de la bouche chose qui ne vous plaira, ains me dira confidemmant sans que aultre du monde le sçache. Et s'il vous plaist vous fier tant à moy que à le me communicquer librement en toutte ceste affaire que pençiez le mieux pour nous deux, je me garde d'en faire personne participant. Voire, soict pour l'affaire de Cambray, ou de quelque aultre, qui touche de bien pr ès l'honneur de Monseig., (fn. 4) je vous supplie de n'espargner v[ost]re plume, ne doutant que personne le voie que moy. Et les sçendres puis garderont les sçecrets. Madame, vous me pardonneras ceste hardiesse fondée sur le désir que j'ay à complaire à celuy à qui je suis toutte obbligée (sic), et de qui j'e[s]p ère que vous en prenderes trop soing pour souffrir qu'il reçoipve les honneur ou honte. Au nom de Dieu que le Roy ne ce transporte trop aux passions d'aultruy plus que à son honneur et le bien de son frère, qui n'a mérité de luy par la Paix si peu de guerdon.” (Copy.)
2. [Queen Elizabeth to Henry III., of France.]
“Au Roy
“Mon tres cher frère, je vous mande ung gentilhomme si fidelle et sage que ne sçera convenable de vous fascher de longue lettre; sçeullemant vous diray l'ennuy qui me tient d'entendre les mauvaises nouvelles de retraist que faictes faire à la compagnie que sçervoict Mr à Cambray, chose qui me sçemblera plus que estrange. Si ce ne fust que j'espère que ce n'est que en apparence de v[ost]re mécontentemant en l'endroict de v[ost]re frère, qui je m'assure vous a bien sçervi en cest affaire, car aultremant le Roy d'Espagne eut eu le tout au Pais Bas, et de tous costez auront asses de gloire, ce que vous mesmes m'aves souventefois mandé estre important à toux deux, tellemant que ne puis que que (sic) de vous enhorter, que pour toutte la France vous y aiez de respect, ensorte que Cambray soict gardé en toutte sçeureté, qui ne ce peult sans la permission de prumpte ayde, qui vous est bien facille à donner sans grande dépence : voire, avec non plus que tel que ordinairement vous gardes, se tenant tousjours compagnies gardéez en vos quartiers. Que à Dieu ne plaise que offratez tant de honte à v[ost]re soeul et unique freire. Et avec ceste bonne espérance, que tout yra bien pour luy, je finiray ceste cy, vous priant de donner ferme foy à ce porteur comme à moymesme, priant le Créateur vous conserver en bonne vie et longue.”
(Copy.)
Both these letters are written on the same half sheet.
2 pp.
1107. [Simier to —.]
[1581?] “Monsieur, je vous puis assurer que son altesse resoit par vos lectres bien anples tous les contantemens du monde, d'entandre cy partyculy èrement nouvelles de ce qu'il estime le plus. Vous ne sçaries luy fere servisse plus agréable que de continuer, et le tenir adverty de tout à qui se passera par delà, jusques au moindres partyculyarités, et ne vous faut avoyr crainte que vous lectres puissent estre trop longues, en parlent de ceste belle royne, digne et capable de gouverner toutte la terre, dont son altesse ce rant tous les jours plus affectionné, n'ayent aujourduy aultre plus grand désir qu'à luy randre tout honneur, et le servisse qu'il luy a voué de longue main, dont sa ma ne doit désormains (sic) fere aucun doubte, ny donner lyeu aulx raportz et faulses invansions qui luy seront fectes, au contr ère de ce qu'elle mesme peut juger par les effetz et desportemantz de son altesse, qui atant tous les jours nouvelles de sa majesté, sur le raport du sieur d'Estafort, pour prandre résollution sur le tout, et mestre une fin aulx choses de si long tanps coumansées, et qui vont en plus grande longeur, qu'il ne seroit de besoing pour l'avantage de sa ma, si elle a vollonté de passer à la conclusion du maryage. Ung checun trouve fort mauves ses nouvelles difficultés, que je crois estres une couleur recherchée pour tout ronpre, ou du moins pour toujours ganyer [gagner] tanps. Il me sanble qu'en sela la royne a esté, et est ancores, très mal conselyée qu'elle n'est plustost descleré sa vollonté, luy ayent donné parolle de la part de son altesse, sur le point des choses résollues, qu'il ce conformeroit toujours à suivre son contantement, que son intantion n'avoit james esté de la rechercher en chose qui luy peust estre désagréable; que mentenant il sanbloit à plusieurs seigneurs de ce royaume, et notanment à son A. T. [Altesse] que sa ma avoict de tous tanps heu peu ou point de vollonté an se maryage, ayent fondé leur jugementz sur les sircostances, présentes et passées, qui faict mentenent croyre à beaucoup de personnes, que sa ma n'a voulu aultre chose q'une réputation d'estre servie et recherchée d'ung prinse, filz de France, de la calyté [qualité] de mon seigneur et mestre, dont ses desportementz envers sa ma ont trop mieus méryté que sela. En peu de jours, la fin de cest affere me randra plus sage que les bruitz qui courent, à quoy je ne veus donner foy que par la vérité, qui sera cognue et manifesté à ung checun; et lors il sera permis à ung pauvre synge, de se louer ou plaindre de la bonne ou mauvesse fortune d'une royne très belle. Mon désir me pouseroit à vous en dyre beaucoup davantage, si je n'étois retenu par une patience de peu de jours. Je vous suplye me tenyr en sa bonne grasse, et aulx occasions plus àpropos, luy remantenoyr la fidélyté et très humble servisse que je luy ay voué, et désire luy randre fin à la mort, m'asurant que mon mestre l'ara toujours très agréable. Il a trouvé bon que le capitene Bourg luy alast en toute dylygence porter de ses nouvelles, espérant par son retour de scavoyr bien anplement des sienes. Vous pouves escripre par luy en toute seureté. Au demeurant, je vous veus tout le mal qui se peut, de quoy vous ne m'aves ryen mandé de misister [m'assister?], et si l'absence ne m'a point eslogné de sa bonne grasse, je désire y estre conservé, vous suplyent d'y enployer v[ost]re crédit, et envers tous seulx que vous panseres estre mes amis, et de la cause. Je vous prye les assurer de mon fidelle servisse. J'estime que son A. T. [Altesse] fera pasques en sa duché d'Anjou, ou nous fesons toutes les bonnes cheres du monde.” . . . . . . . . . . . . . . .
Holograph. Imperfect : without date or address.
4 pp.
1108. [Simier to the Queen.]
[1581?] “Je ne veus hoblyer à vous remersier très hublemant de la lectre qu'il vous a pleu m'escripre, sans laquelle je me fusse trouvé surprins au lict par seluy que sçaves, qui est antré en ma chambre à la mesme heure que le jentilhome que m'aves anvoyé en sortoit. Il m'a dit avoir esté rancontré de plusieurs personnes en la rue, mes qu'il ne pancé avoir esté cogneu d'aucun. Je vous assure que moy mesmes ay eu payne à le recognoistre, estant extrememant desguisé. James homme ne fut cy las que luy, néanmoins il vouloit à toutte force que j'alasse trouver v[ost]re ma, et vous supplyer de sa part, qu'il vous peust baiser les mains en l'estat qu'il estoit. Mais luy ayent remostré que s'étoit chose impossible, et qu'il faloit passer une dousayne de chanbres premier que d'aprocher la v[ost]re, que v[ost]re ma dormoit ancores, je l'ey supplyé de se vouloir reposer. Je [j'ai] tant faict que je l'ay mis tout présantemant antre deus draps, que pleust à Dieu que ce fut aupr ès de vous, à ce qu'il eust plus de conmodité à vous dire ce qu'il pance. Car je cognois bien que 'mal si ryposa chi non ha contentezza.' Qui faccio fine, et vi raccomando la vita mia.”
Here follow the letters“E. R.,” surrounded by a number of $'s.
Holograph. 1 p.
1109. “Moine” to the Queen.
[1581?] “Il ne m'est posible, Madame, de pouvoir passer la journée sans scavoir le repos de ceste nuict, veu le mal de teste lequel a voulu comme ung nuaige offencer ses deux soleils, n'ayant jamais en mon endroict diminué les traicts cuisans de son ardeur. Tout le reste pourra laiser icy les ennuis et les soucis pour prandre le plaisir d'ung doux séjour de chasser. Mais moy, Madame, porte aveq moy le regret de mon depart aveq le désir de vous reveoir. La jallousie de ceulx qui repaissent leurs yeulx de v[ost]re belle price, laquelle je laisse seullement corporellement, ayant tout ce qui est en vous de parfaict engravé dedans l'âme, et qui ne se partira jamais pour quelque occãon que ce soit, les effects randant tesmoignage de mon dire. Je ne ennuyeray v[ost]re repos d'ung long importun escript, si non qu'ayant toute puissance, c'est à moy à vous obéir et à vous à me commander, me trouveriez ung rocher de constance et 'de persevrance, non plain de soupirs fardés, ny mouvant cent foys le jour avoir autre chose à la bouche, autre chose au cueur. Celluy qui est scrutateur des cueurs des hommes puisse sur moy délascher les traits de sa tempeste lors que je manqueray aux sermens de mon très-humble, très-affectionn è, et très-fidelle service. J'espère, Madame, au retour que les nuicts de Grenviche ne vous seront si longues, et que le dormir vous aura esté doux, m'estant advis que v[ost]re Majesté s'y est tousjours très bien portée, vous supplyant d'honnorer tant v[ost]re secrétaire et v[ost]re moyne que d'attendre une responce avant que de résouldre le partement. Vostre santé y est, et la nécessité de vos affaires vous y doibt retenir, outre que le lieu de la nativité apporte plus d'heur que de malheur, comme pourrez remarquer par le passé. Je vous supplye très humblement, Madame, que tant de bonne volunté qu'avez asseuré de porter à v[ost]re moyne ne puisse diminuer pour peu d'absçonce, ou du premier coup frappez-le comme le cerf d'hier, car d'autres traicts vous scavez frapper de plus loing, puisque pouves passer la mer. Pardonnez, Madame, de tant de présumption à v[ost]re beauté, à v[ost]re douceur, à v[ost]re déité, et à mon affection. Plus j'en diroys si je n'avois peur d'encourir le vice d'importune. Serves-vous du fidelle moyne de E.R.”
Addressed, “E.R.”
Seals, with pink silk. 1 p.
1110. [“Moine” to the Queen.]
[1581?] “Je panseois différer à vous escrire jusques à ce que j'eusse veu le monde. Toutes foys ce présentant ce porteur, qui est trèsseur, et lors que je seray icy l'on regardera fort à mes actions, en ce qui touche ma déesse, outre celle qui vous sera donné par ce porteur, j'ay creu que celle cy vous seroit par les mains de ceste dame dounée très asseurément, ne désirant, selon que m'aves asseuré, qu'elle passe à la congnoissance de ceulx qui par autruy veullent tout faire. Je veux aimer vos fidelles serviteurs; à vous mon fidelle service. Faictes-la donq passer par le sacrifice du feu, pource que j'ay sçeu q'ung ou deux, à juste raison estant courroucée contre Norris, ont dict que cella provenoit de v[ost]re vallet, et sans poinct de faulte, l'on a eu plus craincte de desplaire à autruy que à vous, pour faire à voire qu'ils ont la secrette intelligence. Je sçay bien que cella a despieu beaucoup à Monseigneur, et plus qu'il ne le vous mande. Il vous a icy envoié le cappitaine Villeneufve; aucuns de ses officiers et maaulx des logis sont venus. Je luy ay faict tenir bien seurement la grande l[ett]re que m'escrivies, affin qu'il conquust v[ost]re affection, et le mauvais ordre qu'il tenoit à vous donner advis de tout; il a releust plus de trois foys. Croies v[ost]re valet, qui ne parle que d'affection. Faictes valloir ce que vous estes; qui se faict brebis, le loup le mange. Nous l'attendons icy d'heure à autre, où je ne celleray rien. Je ne trouve nulle apparence que l'on demeure icy d'aller à la court. Il n'y a nulle seuretté. Aucuns à l'armée du Prince de Parme ont faict courrir le bruict artifiçieusement, qu'ils estoient d'accord aveq son A[ltesse]. Sçait toute Manterre, non que pour certain ledict prince soubs main ne façe toutes les recherches du monde; s'il faict, je vous puis asseurer ny du filz ny de la m ère; l'on n'en a parlé, non qu'il n'y ait de très-meschans ministres. Pource si Somer est icy, je ne suis pas d'avis qu'il s'en retourne si tost, affin qu'il voye le progr ès de cest affaire. L'on dresse en attendant d'estranges parties en France, où l'on ne désire nullement son A[ltesse], craignant le Roy, si l'on retourne, que l'on brouelle. Ne l'ayant celle, le sieur de Belli èvre, qui voulloit à toute force que l'on allast ou à Malines ou à Bruxelles, et ce qu'il a offence contre sadite A[ltesse], sçait [c'est] le veoiage qu'a faict Chartier, qui est icy pr ès de moy, que l'on a donné vingt mil escus pour le faire tuer; pour ce il a tant persuadé au Maréchal de Montmorency, qu'il ne se défaict de son gouvernement, que vouloit avoir le duc de Joyeuse. Ledit Maréchal voudroit s'appuier de l'autorité de son A[ltesse], mais il désire constant à se servir de ses serviteurs; il estoit envoié pour cella expressémment. Ceux de la religion estoient en alarme, le Roy avoit offert au roy de Navvarre sa lieutenance généralle toute sellet [? seule et] qu'il n'a voullu accepter, pour l'occasion de son A[ltesse], lequel estoit en doubte s'il devoit, comme m'avez dict, autre foys répudier, et je sçay à qui il en a demandé advis. Je désirerois que son A[ltesse] et luy feussent comme ils doivent. Il faict plus mal seur à la court que jamais; pource l'on ne pansera d'y aborder. Quant au Prince de Parme, il dict que si son A[ltesse] veut, il fera le mariage d'Espaigne, mais que son me [maître] ne veut rien donner des Pays Bas, ny les armes à la main. Je ne panse pas que l'on y preste l'oreille. Cependant, La Mothe vouloit pratiquer aveq ung cappitaine de cent chevaux legiers, flaman, qui est à Bergues, lequel a escript plus de huict foys audict bloc. Je luy ay faict faire responce. Il voulloit surprandre ledit Bergues; offroit force argents. Sans des causeurs et des trahitres nous attrapions ledit La Mothe. Aucuns icy eussent esté marris que ses pauvre Huguenots eussent bien faict. Je guarde les lettres pour monstrer à son A[ltesse]; aussy a voullu ledit La Mothe avoir intelligence sur ceste place. Nous tenons deux prisonniers qui y estoient à ceste occasion. Ne parlez rien de cecy, car l'on sçauroit de quelle boutique cella vient. Le dernier n'est sçeu que de moy et de deux autres. Je m'ennuye infiniment, non pour moy, mais pour l'honneur d'autruy, que Anvilly gouverne si paisiblement qu'il faict tout ce qu'il veut. L'on tient que sçait [c'est] luy qui est cause de la disgrace de Chauvallon. L'on luy faict à croire d'avoir parlé mal à propos. Pardonnez moy, si je vous dis, que sçait [c'est] de l'avoir faict à propos, car l'aisné a failly à le faire tuer. J'en serois marry, il m'a escript, s'en allant par Anvers en sa maison. Il n'y gagnent rien; l'on ne change pas aisément de nature. Luy mort, ung autre resuscitera. Une navire tenue de deux ancres se porte mieux. Tout le monde n'est comme vous, ennemye de nature. Fervaques, pour ses beaux et vertueux faicts d'Anvers, le voilla premier gentilhomme de la chambre, l'evesché de Lisieux qui vaut vingt cinq mil livres de rante; La Rochepot, le gouvernement d'Anjou, une abbaye; Anvilly, une autre; et Quincé une; Le Moyne, l'espérance. L'on m'en pourre tant donner que cella me faschera. J'ay faict plus de signalle service que aucuns lois que vos lettres ont esté données par d'Arsey, il n'y avoit rien donné. L'on faict courre le bruict que son A[ltesse] n'a rien asseuré, ayant remis les expéditions en ce lieu. La royne m ère a dict à Mercure [the King of France] pour dire qu'elle ny le roy n'assisteront son A[ltesse], si elle ne chasse Quincé et Fervaques, les plus grans trahitres de la terre. Cella est pour Jes faire davantaige aimer. Plus je panse et plus il me fasche de quoy. Ne vous estes mariés pour ce que Ton le pressera de ce faire. Si je sçavois où, je destourneray ceux que je sçay vous pouvoir nuire. Al'honneur de Dieu, ma déesse, que ceste lettre ne coure fortune. Je veux bien ceste gloire en toutes façons me dire le serviteur fidelle de E. R., et employer ma vie pour ruyner ses ennemis. C'est de vous, non de l'Angletterre, mon affection ira où vous irez, et sera aveq mes cendres. Je baise ses belles mains mille foys, et en esprit sens cest odeur, qui surpassent les fleurs du printemps. Je vous manderay, quant il y aura voye seure, que je soye adverty, sy aurez bruslé la présente. S'il ne font cas de v[ost]re vallet, se sera pour estre trop v[ost]re serviteur et trop homme de bien. Il ne me tiendront gu ères. Il n'y a aucung, qui sache rien au maniement des affaires, et qui me pense apprandre; non que je panse sçavoir mous; au Royaume des avveugles, les borgnes y sont roys. Je n'ay, ny n'estime, plus belle possession, sinon de me vanter pour gentilhomme estranger pouvoir autant aux bonnes grâces de la plus belle royne du monde, que qui que ce soit, si l'on n'a jalousie. Je feray si je puis que Le Bex vous ira trouver. Croies que je ne seray jamais inutille à faire ung bon et signalle service. Rien que la mort seulle ne m'en peut enguarder. Le couraige est né aveq moy; la volunté et la possession de mes bien. J'ay acquis ce beau trésor, v[ost]re amitié, plus précieuse que toutes les
Indes. Ce jour des rameaux. [symbol].”
“Le dernier venu de France sçait [c'est] Grontery, lequel vient de la part de la R. m ère et de la R. de Navvarre, en faveur du Cardinal de Birague, pour avoir l'évesché de Lisieux. Il se monstre fort affectionné à son A[ltesse]. Ledict Gontery m'a dict que ledict Cardinal avoit advis le Roy d'Espaigne donner sa seconde fille au puisné de l'Empereur, aveq le royaume de Portugal, et l'autre pour l'Empereur; que de Romme l'on luy a mandé y avoir de très grans navires à Naples pour le Roy d'Espaigne; que la Vallette est à pr ès, pour avoir la citadelle de Lyon. Je laisse les autres sottises inutilles. [symbol] J'en sçais asses, et trop véritable.”
pp.
1111. [Simier to the Queen.]
[? 1581.] O mon Dieu, madame, coumant est ti (sic) poçible que moi, qui n'ai aultre dieu en ce monde que vostre majesté, me çois de tant oblié que d'avoir comis quelque chose qui vous est peu desplere, et donner occasion de m'anvoier la lectre qu'il vous a pleu m'écripre par le sieur de Sansat, en laquelle vostre majesté me condanne çens [sans] ouir la justice de ma cause. Hellas ! madame, je m'étois toujours apué [appuié] sur vostre amirable prudence çelon le tesmogniage de l'esperiance par vos accions, qui sont infinies. Mon Dieu, madame, que vostre singe est affligé, et quelle chose me pouvoict aporter plus de regret que de vous voir fahée [?fâchée] contre moi. Toutes les panes et triverses de la mauvese fortune, qui me sont arivés despuis unt ant en sa [un an en ça] , ne m'ont poinct tant ennuié que l'opignon que vous aves prise de moi, qui suis vraiemant innoce [n] t, et quant vostre majesté saura la pure vérité de l'afaire, dont Monsieur ce plainct de moi, vous dires, je m'an asure, qu'il n'a james esté faict unt çi grant for à jentiliome du monde. Je vous requiers une grasce, que si vous dounes une oreille à mes acusateurs, qu'il vous plese me garder l'ostre pour oïr ma justification, et çi, après cela, vous trcuves que ja je [j'ai] tort, il ne me faut pas unt plus grant tourmant ne une mort plus asurée que la perte de vos bones faveurs, car toutes les fois que je pançere avoir vos bonnes grâces, je veus tunber sur la pointe de mon espée, et par ce moien mestre fin à ma vie, ou bien boire unt voire de poison afin d'oster la gloire à mes enemis de me faire morir, comme je sai qu'il l'on [t] entrepris meschanmant, mes je sai qu'il ont jusques içi esté retenu crinte de vous desplere, pançant bien que j'aras cet honeur d'estre tant çoict peu favorisé de vous, que vous ne troveries pas bon c'on me maçecrast valenemant. Mes mentenant, s'il cognoiçent que vous soies marie contre moi, il çi [s'y] enploiron, j'en suis ce [r] taint. Je sai qu'il ont travalié de lonte [m] ps à m'eslogner de vostre bone grasce. Ilz ont mentena [n] t beau jeu. car, n'aien [t] point de moien, je ne puis çeulemant estre aconpagnié de dis chevols, tant je suis mal treté de Monsieur, ou de ceus qui ce meslent des affaires de ça meson; telemant, madame, que si je n'étois par vostre, j'entrerois à unt désespoir et en fairois de bien maris. Je çai tant de particuliarités que je n'arois james faict à les dire. Je m'estonne que Monsieur, qui le saict mieus que personne les moiens que j'en ai, n'y prant quelque considération, et qu'à tout le moins il ne me leçe [laisse] de quoy vivre, ou bien quil me balie des comiç ères pour faire mon pr [o] c ès, et que l'on me façe morir vitement. Mon Dieu, madame, que je vous la façon dont je suis treté, afin que vous soies juge de ma patience quant à mes estas, gages, et pantions. Je n'en ai rie [n] touché pasçé [passé] unt ant, et de ces parties là je ne m'en plainct aucunemant, parce que, s'il n'a vollonté de çe çervir de moi, il n'est pas bien convenable, qu'il me donne aucuns gages. Mes voici les principauls poinsts. Il l'a en premier lieu faict prandre quarente mil escus, que j'avois amaçé en quatorse ou quinse ans par une bien longue espargne. Il y a de plus quarente cinq mil livres, que je lu [i] ai prêtés à son premier voiage de Flandres. Ors, quant à ces deus articles, je sai qu'il n'a pas pour l'eure moien de me les randre, auçi je ne l'enpresce pas; mes voici une chose que vous truveres bie [n] estrange, je m'ant asure. Je vous ai quelque fois parlé d'une maison qu'il m'avoict donnée aupr ès de Paris, laquelle vaut çant livres estrelins de rante, et à laquelle j'avois faict bâtir, et m'y estois acoumodé pour plus que la tere ne valoict. Il a, à la r [e] queste de Fervacques, revoqué sa dounation qu'il m'en avoict faicte, pour la donner à madame de Sauve. Ors, ce n'est pas encores tout; car, du tenps que j'avois la premi ère charge en sa maison, tous ceus, qui avoient à faire, s'adresoit tous à moi et me faisoit tous coumander part Monsieur de leur respondre, et de m'obliger à eus; moi, qui ne demandois pas mieus qu'à lui conplere, faisois ce qui m'étoit coumandé telemant qu'à unt vivandier, à unt marchant, à unt provieur. J'en suis pour trante deus mile livres, et, quelque instance que jà j'e [j'ai] peu faire envers Monsieur, il a mieus aimé soufrir que la mesont, dont je porte le non, soict apotequée pour la sudite somme, que d'y doner ordre. Je lui en ai faict parler par Touplain de mes amis, mes il est tenu de çi pr ès par la royne de Navarre qu'il ne respont james unt seul mot. Toutes ces choses bien raportées, n'y a-t-i[l] pas de l'injustice et une cruauté trop grande, et à moi une pacie [n] ce amirable, voian les offres qui me sont faictes, et que je pourois abcepter sens préjudisse à mon onneur Toutefois j'are, tant que je çere an ce monde, telle conçidération à ce que v [o] stre majesté m'a coumandé, que je ne prandre james parti que celui que vous m'ordonneres, et gardere à Monsieur la foi que je lui ai donnée jusques à la mort, quelque tratement qu'il me fasce, au moins tant que je cognoitre que vous l'ates agréable.
Quant à l'asurance il vous plest me donner que vous tie [n] dres bien çegretemant mes avis, çens les comunique [r] à personne, je vous çant mitions de gr [a] sces cet chose dont je n'ai aucun doupte, et vostre majesté le peut asces cognoistrc par la liberté de mes lectres; et quant à ce que vous me mandes, disant qu'estes très mal satisfaicte de l'apel de Ferv [a] cques, hellas, mon Dieu, madame, ne condannes vostr [e] petite cr [e] ature çans l'ouir. Je vous, si l'ocasion ce présante, que Monsieur vous en escrive, ou qu'il vous en face parler de lui demander çi je n'avois pas quelque raisont de respondre au dict Fervacques. Quant il m'avoict premieremant mandé et dict à unt des miens, que j'avois envoié vers sont altesse pour reçevoir ces coumandemans, il tint ces propres mots, 'Mon Dieu, dites à Simie que j'ai grant envie de me bastre avec lui, et que, ç'il veut, je Vire trouver a dis lieus de Bourgeul çeul avec unt page.' Ce sont les propres mots qui me furent raportés çéans en présance de Bonivet, lequel me promict suivant cela de dire au dit Fervacques que çans lui donner la paine de venir à dis lieus d'ici, j'étois contant de me truver à deus lieus d'Alanson, pourveu que Monsieur ne l'eust poinct désagréable. Violà les propres mots que le Sieur de Bonivet tint au dict Ferv [a] cques. Vostre majesté peut mentenant faire jugemant sur le tout, et me condanner à ce qu'il vous plaira. Hélas, mon Dieu, n'es [n'ai] je pas aces [assez] de justes occations pour recharcher le dict Fervacques, çans qu'il y est personne au monde qui est occation de croire que je l'aie faict pour aultre conçidération. N'ece [n'est-ce] pas Fervacques que soubs titre de bonne foi avoict entrepris à me masacrer? N'ece pas lui qui m'a acusé de sant mile fauces colonies? N'ese pas lui qui a recherché tous moiens de me faire mourir, et en toutes fasons? N'ece pas lui qui, poucé d'anbicion, a porté envie à ma fortune? N'ece pas Fervacques qui est cause de m'avoir eslognié des bonnes gr [a] sces de Monsieur, et qui s'ant vante tout ault? Toutes ces conçidération bien prises et ra-portées, ne sont t-elles (sic) asses sufisantes à m'esmouvoir? J'en fais juge vostre majesté. O Dieu, madame, donnes quelque confort à vostre pauvre singe, affligé sans cause. Je m'aidere du consel que me donnes pour escripre à Monsieur le plus humenemant que faire je poure, mes je n'ai espérance qu'en vous, et ç'il ne vous plest à donner ordre prontement, je n'en puis plus, tant je suis mal treté.
Quant à ce que vous me mandes estre fâchée contre moi de ce que je vous ai escrit du mariage, après ce que je vous en ai mandé çi devant, vous deves entandre que comme Monsieur fuçt sur le poinct de partir pour vous aller trouver, il apela le Marquis Dalbeuf, et lui dict, qu'il vous alloict trouver et qu'il avoict très bonne assure [n] ce du mariage. Il ne fut pas plustost à cheval que le Marquis l'escrict à Monsieur de Guise. Je vous lege à pançer çi l'e [ni] basadeur d'Fspagnie le cent tost après, telemant que tou [t] le monde pançoit le mariage asuré, et moi, aien [t] çeu ce que Monsieur avoict dict au Marquis, je le pançois coume les aultres, et ne faut point que je vous mante. J'avois opignon que vous heusies fermé les ieuls [yeux] à toutes considérations; mes, comme je veu par v [o] stre lectre, les choses vont bien aultremant, qui me faict croire que Dieu ne le veut pas pour beaucoup de bons respects, tant jà que je, ne vous ai rien mandé qui ne soict très véritable, et j'en sai encores d'autres particuliarités plus estranges encores, et que j'a [j'ai] bien espérance de les vous dire. . . . . . . . . . . .
[The whole of the letter is in cipher, partly deciphered by Elizabeth herself.
At the beginning of the letter is a design, consisting of the letter “E” surrounded by “$”'s and other emblems, with a heart, transfixed by an arrow, at the foot.]
4 pp.
1112. The Queen to Simier.
[? 1581.] “La bénédiction, &c.”
Maistre Jehan Semie, pour vous cognoistre si fus galant que prevoyes de loing plus que de pr ès, et que je me doubte que peult estre pour estre trop soupçonneux n'interpretes de mauvause glose que j'escriptz au Roy en telle sorte que vous en doubtres le retardement des Commisaires, je vous jure, mon Dieu, que ne l'ay faict à telle intention, ains pressée du deshoneur que le R[oi] de N[avarre] et L[ouis] P[rince] de Co[ndé] a bonne raison imputer, joinet avec le désir qui me convie à souhaiter que les Com : portassent tout apparence de future bien de leur conclusion, qui difficelement se fera, si on ne prent bon augure du commencement. Ce mespris, vous sçaves, semble mauvaus présage à l'advenir. Finalement, assures vous que la constance que le temps a bien esclarcy estre situé au cœur de Mounsieur me convie tant d'estre a luy que je me rends la Sienne bien obligée, l'ayant que trop esprouvé de rendre l'estre au nom, non seulement de Princes, ains de tous jeunes gens, qui ne p èchent guerre en telle faulte. Adieu.
Endorsed :—“N. 12.”
Holograph. 1 p.
1113. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Since writing her the letter by M. de Buis, who was just ready to set out, M. de Soumer [Somers] has arrived bearing a letter from her Majesty and the assurance of her goodwill, than which nothing in the world could have given him greater pleasure. M. de Soumer was the first to inform him of the arrival of the deputies of Flanders in this kingdom, so that he does not yet know on what subject they wish to treat with him, and begs to assure her once more that he will conclude nothing with them without having first acquainted her Majesty therewith and taken her advice and counsel, which is the base and foundation on which he wishes to rest and strengthen all his designs, fortunes, and affairs.
French. 3 pp.
1113a. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Has learnt with extreme sorrow that at the departure of the present bearer she had not received his reply to the letter she had been kind enough to write to him by Neri. Assures her that it did not occur by his fault, for he sent a reply on the very instant, and doubts not that it reached her before the bearer was far away from her Court. In order not to appear wanting in anything which can testify the unalterable character of his devotion to her service has at once re-despatched the bearer to her, and instructed M. de Marchaumont to explain to her the reasons which to his extreme regret have so long detained him.
French. 1 p.
1113b. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Although he had already informed her of his resolution to go to the King and Queen of Navarre will not on that account fail to advise her how, God be thanked, they are agreed in endeavouring to bring about a satisfactory peace; which he desires all the more earnestly inasmuch as he promises himself that afterwards her Majesty will promptly put an end to the negotiations commenced so long ago, and so ardently pursued by him.
Has caused all the roads to be watched in order to keep her Majesty informed of all he could learn which concerns her affairs, and has at last surprised a letter from which she will apprehend clearly the designs of those who are hostile to her service, and how the army which has taken “Lisboune” is in doubt as to where it will next be employed. In order that her Majesty may not think that he wishes to deceive her sends the original of this letter.
French. 1 p.
1114. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Thanks her for her remembrance of him, and apologizes for his delay in sending her any news from these quarters. For a month past they have been engaged in disputes and conferences respecting the negotiation undertaken by him, and this morning have come to an agreement, subject to the pleasure of the King, who he trusts will not gainsay him in so good a work as the establishment of peace, which he desires all the more as it is likely to prove agreeable to her Majesty and to accelerate the journey of the Commissioners.
French. 2pp.
1115. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Complains that since the departure of M. de Stafford “ilz se sont pases pres de sis mois en longeurs remizes et telz subterfuges que a la fin je suys contrint de vous reclamer coume mon soulel et selle qui en mes plus grandes afflictions me peut par la moindre action consoller.” Assures her that he has great need of her consolation, seeing the unwillingness of those here to advance his affairs, for during the past eight days they have caused such delays in the execution of the matters promised that if he wished merely to amuse himself, and were not possessed by an extreme desire to be near her Majesty, he could do so for a year. Has resolved therefore whilst awaiting the return of Neri to go in a very few days to France leaving during his absence the best order in his power for the fulfilment of the peace. Knows that there are some who will be very sorry therefore, both on account of their desire to delude him, and of their hope of prolonging the treaty with the Commissioners, which “sans sese et a mins gointes” he prays God to bring to such a conclusion as he has hoped from her Majesty's kindness.
French. 2 pp.
1116. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Will always feel honoured by receiving any proof that her Majesty holds him in remembrance. The constant affection he alone has shown to her Majesty, which is such as none other can boast of equalling or even in any degree approaching, ought in itself to be sufficient to inspire him with confidence, had not his experience compelled him in spite of the most solid foundations to harbour doubts and misgivings; “Car si apres maytre tant hasarde que je fet lon a voullu revoquer en doubte mon affection, et si, apres les pactes escris et selles, lon ma voullu foyre doubter des evenemans et effes qui en pouront susceder, que doyge esperer de lavenir puysque je suys eslongne et que ma prezanse a si peu profite!” When he recalls the past he is filled with fears and dread considering that all that men strive for is to have some rest and certainty, of which he sees even less than when for her Majesty's sake he divested himself of any hopes he might have had from his nearest relations. “Les poines ausquelles je este, tant en prizon que en voyages, sont ils pas sufizons tesmoinages de mon dire! Ou sont les esperanses, ou sont les effets de tant de chouzes que legitimemant je deu esperer? Je puys dire que ilz sont a naytre et que tant sanfot, ilz ne sont pas encores consus; car lamitie que vous me coumandite fayre enforme avecque vostre majeste est jusques a sete heure de si peu de fet aupris de se qui vous avoit pleu me proumettre, et que je metois proumys, que je puys vous dire avecque verite que elle ma engarde de prouvoir a infinies chouzes tres nesesayres, et ausquelles javois ases de moyen dalieurs de pourvoir si se nut este set espoir, viande dont despuys pluzieurs ennees je este repeu, e qui ne se doit imputer a faute de jugemant ni foyblese de ceur, au contrayre a la grandeur de lardant dessir que javois de vous espouzer qui me fezoit patienter se que sans sela meut este insuportable.” Is now resolved, both with respect to the marriage and the help that she has promised him. With regard to the first, which he desires above all things, has sent a despatch to the king and queen complaining of their delay in replying to the despatch sent by Pinart on his leaving England, and also protesting against the wrong they are doing him by not acceding to her Majesty's demands, which are most just and reasonable. Sends a copy of this despatch to Messieurs de Marchaumont and Bacqueville for her Majesty's further assurance. With regard to the second point, the help promised him by her Majesty, begs to point out that it does not depend on the other, and that although if the affairs of the marriage are in good train her Majesty ought the rather to be gratified thereby as she would be all the more interested in his welfare; yet if, unhappily, such should not be the case, it appears to him that as matters have lately come to pass her Majesty is herself too deeply concerned to withdraw from her promise. Entreats her not to listen to those who would dissuade her from befriending him, assuring her that they are instigated thereto by her enemies abroad as her own penetration will very easily discern. Is sorry that the picture he has sent her is not as beautiful as Adonis or Cupid himself, “afin que il vous heut donne telle enviee de voir loriginal que a la mesme heure vostre majeste eut envoye querir le petit pretre de Mauvisiere pour vous espouzer par parolle de prezant, et me donner tel subget qualamesme heure jeuse invoque tous les pouvoirs des sieus a se que par un bon vant jeuse este de se moumant porte entre vos beaus bras pour vous fayre manger du consoume que Monsieur Pinart demandoit tant.”
French. 6 pp.
1117. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] It would be impossible for him to permit the brother of his former host to depart without reminding her of one from whose memory she is never absent. “Car coumont seroit il possible que jeusse perdu le souvenir de se que jadore avecque tant dafection, et si je loze dire pation, que jour ni nuit je ne panse en autre chouze, estant continuellement en colere contre sete mizerable fortune qui ne ma voullu tant favorizer jusques a present que de me fayre coucher au grand lit, au lit ou je me souhaite sans intermition. Sera til possible que je mi puyse voir un jour—si sela est je sere le plus content de la terre et espere de vous en randre de si bons tesmounages que vostre Majeste me tiendra pour bon compagnon?” Hopes they are now approaching this consummation for he is advised that M. de la Mothe Fenelon is setting out on behalf of the king to convey to her Majesty the compliance of the latter with all her demands.
Hopes that her Majesty will not refuse him “le dont consoume Monsieur Pinart parloit tant; je le garde a selle fin que vostre Majeste san trouve mieus et quil porte le profit quan atant toute la Cretiente.” Apologises for the “liberty of his style,” which he excuses on the ground of his ardent affection. “Bayzant et rebayzant tout ce que votre belle Majeste peut panser” he prays God to give her “sant mil annees de belle et contente viee avecque un petit prinse de Galle fet et forge du petit francoys qui est et sera in esterne vostre humble et tres affectionne esclave
Francoys le Constant.”
French. 3 pp.
1118. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Is most anxious to prove to the world his horror of the vice of ingratitude, yet the great favours conferred on him from time to time by her Majesty leave him continually indebted to her. Her Majesty may easily judge from the despatch sent by the king to the Commissioners of his desire that she should no longer be in doubt as to his wishes. Assures her that he himself never desired the conclusion of the marriage so much as now which he hopes will be some excuse for the liberty of his language and the manner in which he urges his entreaty, considering that a more favourable opportunity than the present has never presented itself. In order not to weary her Majesty will say in a few words that the best means of withdrawing him in person from the relief of Cambray, and causing him to leave a substitute, is to conclude all the articles of the marriage, for then the king will assist him and furnish him with the means of providing succour during his absence for “ses pauvres assieges qui ont fonde toute leur esperanse sur moy.”
French. 3 pp.
1119. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Having heard what has taken place between the deputies of the King and Messieurs Cobham and Somers hastens to acquaint her with his distress at seeing the terms entered into by her Majesty's Commissioners entirely different to what he had expected. These delays can only be productive of inconvenience to all parties. For himself will know no rest until the negotiation is concluded. Thinks Du Bex will not have failed to communicate to her Majesty what he was charged to tell her. Has written very fully on this subject to M. de Marchaumont on whose sufficiency he relies. Begs her to impute the freedom of his speech to the greatness of his affection.
French. 2pp.
1120. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Nothing ever happened more apropos than the arrival of the present bearer “car jestois en telle inquiestude du lontans que jestois reste sans avoir de vos nouvelles que je estois pis que mort n'ayant plaisir joye ni consolation que quant je puys aytre honore dun tesmounage de la souvenance que il vous plet avoir de moy.” Can not tell her how much he should regret his misfortune if she should continue in her opinion regarding the disaster which has happened to M. de Simier, from whom, out of regard to her Majesty, he has not wished to take away anything he possessed, whether in lands held from himself or appertaining to his office as first gentleman of the chamber.
Simier would be most ungrateful if he did not thank her Majesty, therefore, for she is the only cause of their being given to him in the first place, and also of his being maintained in their possession till now, notwithstanding that since his disgrace he has not conducted himself as he ought to have done. Begs her not to take it ill of him that he does not recall Simier, and to consider that having such reasons to mistrust him he could not retain him without great inconvenience. Thanks her for the care she has shown with respect to his affairs in Flanders.
French. 3 pp.
1121. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 ?] Prays her to excuse him if the present letter is not written on such fine paper nor with such delicacy and dignity as he could wish, as he has come into a most inconvenient place in order to reconcile the King of Navarre and the Marshal de Biron, so as to render the peace of this kingdom firm and lasting. The arrival here of the Sieur de Neri has so surprised him that he could wait no longer without making a remonstrance to her Majesty, accompanied by such reasons as he feels sure will justify him in doing so. Is astonished that her Majesty should, after his giving so many proofs of his affection, set so little value on his desire of seeing her as to write him a whole letter full of reasons to dissuade him therefrom, which if it had been possible her letters would have done. Has written at length to M. de Marchaumont who will assure her of the strength of his affection. Has received by “le gros courier” a garter which he will never part with as long as he lives. Has also seen her Majesty's picture, “qui ravit mes sans et rant mon ame plus pleine de pations que elle nan pouroit jamais resevoir.”
French. 3 pp.
1122. The Duke of Anjou to the Queen.
[1581 (?)] Although before his departure from Gascony he assured her of his intention to return thither, cannot refrain from writing to inform her of his arrival here where he hopes to have more frequent news of her. Since his being here has received intelligence which urges him to succour “les pauvres jans de Canbray,” whose piteous condition and the sense of his obligation to them have moved him to the resolution to march to their aid with such an army that they will receive the relief which they have so long expected from him. Entreats her to give him approval, and to consider that his honour is so far pledged in this matter that should he fail therein he feels sure that she would esteem him unworthy of her favour. Has instructed M. de Marchaumont to explain this to her more fully. Alencon, 8th—.
1123. [Walsingham (?) to Henry III., King of France].
[1581.] “Sire, la Reine ma souverayne maistresse, s'estant souvenue de la promesse qu'elle fyst à Monsr de Simier, & de ce que je promiz à vostre M[ajesté] aussi de sa part, que dedans le 24e du moys passé, elle envoyeroyt sa résolution pour le faict de sa volonté du parach èvement du mariage d'entre son A. & V. M. (sic), m'avoyt depesché environ le neuf ou diziesme du moys pour apporter icy sa résolution. Le malheur m'advint que je me trouvyz ung peu mal disposé, qui fust cause que mon indisposition m'empeschant, & la Reine ne voulant employer aultre que moy, (pour l'honneur que j'avoys d'y avoyr esté employé dez le commencement), attendist tousjours ma guérison que Dieu m'envoya environ le 15ème du dict moys, auquel temps je partiz. Le temps n'estant point assez suffizant pour aller premier trouver S. A., puis après vous en venir rendre conte dedans le terme ordonné, S. M. me commanda de m'addresser en premier lieu à S. A., comme estant celuy à qui l'affaire touche de plus pr ès : ayant escript à son ambassadeur icy présent d'en avertyr V. M. de mon passage, afin que ne trouviez mauvais. Ayant esté vers S. A., je luy ay déclaré la volonté de S. M., qui luy remet le tout à sa volonté. Toutesfoys devant que de procéder à la venue des commissaires, elle désiroyt l'advertyr de la mauvaise opinion qu'en a la plus grand part de son royaume de l'exercice publiq de sa relligion, priant Monsieur d'y prendre ung peu garde, & de considérer d'en rabattre pour son plus grand contentement; qu'elle seroyt for marrie qu'autrement S. A. vint en son royaume, pour au lieu de contentement n'y reçevoyr que du desplaisir très-grand; le priant de l'advertyr premi èrement, ou par lettre ou par message, de ce qu'il feroyt en cela, devant que de acheminer les commissaires, & de prendre aussi l'advis de V. M. & de la Reine vostre mère. La response de Monsr reçeue, j'ay faict un despeche avecq diligence par ung des miens ver S. M., de laquelle je m'assure que dedans peu de jours vous reçevrez sa volonté à vostre contentement & celuy de S. A. Cepandant je me suis acheminé pour déclarer cela mesme à V. M., vous suppliant d'y penser, & croyre que la Reine ce qu'elle en faict est pour continer (sic) en sa rondeur et sincérité acoustumée en toutes ses actions, à laquelle s'il vous plaist me commander quelque chose, je m'achemineray avecq le congé de V. M. en la plus grande diligence que je pourray.”
Endorsed :—“Coppie of thatt whiche I sayed to the kinge.”
1 p.
1124. The Queen to the [Duke of Anjou].
[1581 ?] “Monsieur, je voy bien que les conjurations sont et spirituelles & diaboliques pour de primieres avoir senty l'effect povoir beaucoup en l'endroict de crédules. Je ne doubte nullement qu'il ne vous souvienne, comme, en vostre derni ère lettre, il vous pleu me charger, pour toute affection qui de longue main me vouastes, que je vous donnas une finale responce pour l'achiminement de Comissioniers, et pour ne voir le temps si commode, alors je le différois. Mais astour [à ce tour] je me sentz sy lyé par la charme qui me festes, que ne me puis persuader, sinon que le Saint Esprit ce Pentecoste m'ayt inspiré d'obéyr à vos désirs, my y ayant convié une constance rare et affection si signale, qui me donnent comme espérance que toute bonne fortune ensuivra si noble commencement; et pour ce, s'il vous plaict de donner ordre, vos deputés se pourront tenir prestz pour venir au temps que vous pençeres le plus commode, considérant le temps de l'année, qui me semble bien chaulde, pour une assemblée si grande que nos parlementz requi èrent. Mais le tout je remetz à vostre bon jugement, postposant tous empechementz, & estoupent les oreilles aux Sir ènes, que par belles persuasions de mon bien propre m'eussent peu détarder du mariage, tenant considérations de mon aige, qui me povoit facilement fayre à croyre s'il n'euct aultre raison qui ceste conclusion me fait malte commode. Mais me persuadent de vostre nient esprit & entendement bien rassis m'assure que n'acheteries voluntiers la pénitence si cher, sans avoir bien poisé (n'ayant eu le temps si long à pençer) vostre inclination de y perpetuer d'aussy bonne affection que l'avis jusques yci continue, nonobstant toutz mis desfaulx hardiment; pourtant, au nom de Dieu, je suis resolue de finir mes jours avec ce seul désir que m'estimiez tousjour telle que je délib ère estre, ne tirant n'aultre but, sinon à vous complaire. Si l'argument de ceste escript soit digne de plaider mon escuse, je vous suplieray de l'ouir, & ne l'imputes à faulte de bon vouloir, ains à quelque aultre occation impartenante à vostre sçeue au présent, mais bien convenable pour moy de congnoistre. Du surplus il vous plaira de prester un peu l'oreille à ce porteur, qui vous dira de ma part quelques aultres choses, de qui n'aures besoing de doubter d'avoir esté negligiant en cest affayre. Vous le cognoisses d'estre asses dédié à vostre servise, comme ly l'aves bien obligé. C'est temps de finir ces lignes mall liniés qui retardent vos aultres affayres, supliant le Créateur de vous tenir en sa saincte garde, avec m'estre très cordiellement remise en vos mains, Vostre très-assurée, comme y estant bien obligée, Elizabeth R.”
Endorsed :—“No. 1.” No address.
Holograph. 2 pp.
Modern copy of preceding; very faulty.
2 pp.
1125. The Queen to the Duke of Anjou.
[1581.] “Mounsieur, M'ayant prié M. Marchemound de vous escripre clayrement, il fault que je vous dis que en ceste assemblée de nos estatz, je trouve la craincte & murmure nullement diminué, ains advancée, de ce mariage, pour les raisons qui audevant je vous communiquois, cognoissant le menées que les Jésuites, mandées en grand nombre en Angleterre, ont procurés si avant, qu'il y a peu de lieux de ce royaulme, qui n'ont grand nombre de telz persuadeurs pour leur détournir de mon obéissance, leurs persuadent que c'est mortel péché de m'obéir, & eulx sortent par commandement du Pape, auquel il sçavent que le Roy & vous tous obéissent, croyent que ceste alliance nous mettra tout en broillerie, les Catholiques prenant hardiesse sous vostre ombre à fayre asses de trouble, les aultres n'espérant d'aide de mes mains, qui ne consentiray à vous desplaire, ou si le fisse, cella se tourneroit à malvueillance entre nous deux; qui me tormenteroit plus que la mort mesme, qui ne peult qu'une fois advenir, & l'aultre me rendre [rendrait] morte vivante. Je n'adjousteray nulle aultre fantasies, qui me rendrent con fuse, aultant pour vostre contentement, que chose qui m'en peult arriver. Et voyant que les Commissaires sont en chimin, je vous prie franchement me déclarer vostre volunté, & en quelle mode vous balances ces accidentz, & de croyre que plustot que croyries que j'eusse changé d'affection & bonne volunté en vostre endroict, & que me pensastes inconsidérant de Créateur, que je dois à bonne raison tenir si cher que nul aultre, je hasarderays ma vie & le tout, que je pense ne désireries, postposant tous aultres respectz à ne me monstrer ingrate à Prince, qui m'oblige tant par toutes actions possibles, comme Dieu sçait, à qui je vous commis, avec mille pri ères, pour vostre longue vie & honneur, Vostre très-assurée, y estant toute obligée, Elizabeth R.”
Addressed :—“A mon trescher
Mounsieur Le Duc D'Anjou.”
Endorsed :—“N. 2.”
Holograph. Seals and yellow silk. 1 p.
Modern copy of preceding; very faulty.
pp.
1126. The Queen to —.
[1581 ?] “Dictes à M. Semye que je n'ay gardé de plus ly escripre, pour estre assurée qu'il monstrera le tout, mais s'il pençera bon que Moun[sieur] mande les Commissaires à ce que, comme le temps faict beaucoup es causes de Princes, aussy peult il estre que leur charge estant double, l'une pour la primi ère cause, l'aultre pour quelque estroicte amitié, telle qui ce peult imaginer la meilleure, que stanpandant [ce temps pendant], s'ilz trouveront les difficultés amoindris, alors la désirée conclusion se pourra parachever, mais de ma part je n'en osa que en grande paeur escripe à M[ounsieur] pour la requeste qu'il me fist d'une responce resolue. Et cy ce ne soit le meilleur chemin, je ly prie pour toute affection qu'il m'a portée qu'il fache [sic] élection de quelque aultre, qu'il pençera le plus pour sauver nos honneurs, que n'en avons mérité d'estre empiré. Et pour le meilleur contentement de Mounsieur, à qui, si pour le peur que j'ay à ne le fascher trop des inconvéniences, je n'ay corespondue à son désir, si est ce que je tiens un cœur qui ly est tousjours attaché de lyen inséparable, quelque soupçon que mes actions, contraintes à mon extrême regret, m'y ly font donner.” . . . . . .
Holograph; unfinished. No address.
Endorsed :—“N. 3.”
½ p.
Modern copy of preceding; very faulty.
1 p.
1127. The Queen to the Duke of Anjou.
[1581.] “Ne pençes pas, mon trèscher, que ce fust possible que je me fusse tant oublié de celuy de qui je prens tant de soing, que je ne vous mandas aussi souvent que le ventz me permettent; voyre, ayant mandé un gentilhomme, qui fust repulsé trois fois, je vous despecha un courrier ordinair pour le plus court passage, & ce sot m'a hier soir raporté ma lettre pour l'avoir mandé à mylord Lecestre, &, ne le trouvant là, m'a raporté. O Mounsieur, pençes quel doleur ce me fust de ouir nouvelles du serment que vous printes primier que de bien souvenir la promesse que me fistes, de ne le fayre primier que d'estre assuré de l'aide du Roy, & voir bien clairement les forses équivalentes à si grande entreprises. Vous n'ignores point que en tout négoces il fault que le fondement soit très bonne conférence, puis regarder les moyens, comment ils se peult conduire, & sur ce deux procédés à le concluire (sic). Pardonnes moy si je vous dis, que de ma part je ne vois nul droict en moy à prendre ce qui est d'aultruy, & moins avait y de reson à prendre un don de telz qui n'en ont de tiltre à en fayre présent. Vous sçaves que je tesmoignois par mon refus que j'en faisois conscience, que le debvois plustot prendre pour y avoir esté poulsé de me venger de celuy, que pour chasser le mien, & nonobstant je m'en l'avois les mains. Il me rode le cœur de pençer de vostre vie ennuieuse, tourmenté de tant de solicitudes, fasché de si contraires humeurs, contrainte de complaire à veus si soupçonneus, peuple avoué à tant d'inconstance, que pour rien de chose sont tous prestz à chaser leur Prince, voyr telz qui au commencement ne se sont monstrés trop embrasseurs de vostre présence, comme leur rares vois en faisoit mention. O mon Dieu! quel tourment je sens, que celuy que j'honore le plus s'est embarqué en un laberinthe si intrique de malheurs, où je ne voy une ombre de gloire, car, quant tout se fera, les regardantz diront que Dieu aide tousjours le droict. Au milieu de mes plaintes, je reçeu la responce du Roy, par où il me mande qu'il persiste tousjours au moitié de despens après le mariage, (fn. 5) et par çy vous voies quel bien nous pouvons attendre d'un tel frère. Je ne voy à quelle fin vous feres vostre armée sur vos despens, mais que si vous vous en mesles, (chose que je ne souhaite nullement), (fn. 6) que les estatz vous en donnent le moyen, & ne vous amuses à payer pour leur comodité, voyant que les articles furent fondées sus l'exception que le Roy y entrast, & que il se détermine à ne s'en mesler. Il me semble qu'aures asses d'honneur de vous en despartir, comme je vous counceillois primier, que y aller, & vous me disies de le vouloir ainsi après vostre arrivée. Vous estimes si peu mon advis, & le pençes de si peu de valeur, en ne l'ensuivant jamais, qu'il me semble un labeur vain de le donner, mais s'il vous souvenast que, si je regardasse mon particulier je debvrois bander les yeulx à vos incommodités, & les tourner au bien & utilité que ce me seroit de vous user de bouclier contre mon ennemye; mais, quelque mal que m'en peult arriver, je postposeray tousjours mon bien particulier à vostre seurté & heureuse vie, & plustôt me tiendrois sus quelque rampart pour vous défendre, que vous poulser au hazard d'éminent péril. Considéres, mon cœur, en quel bel retz on vous a trappé, que n'oseres prendre l'air pour vostre santé sans péril d'un plus grand malheur, & es murailles, enveloppé en tant de doubtes de vos habitantz, que n'aures moins de raison de leur doubter que vos ennemis, estans subjectz à changer & difficiles à complaire. Et nonobstant toutes ses broilleries, faistes estat de moy, qui vous demeureray la mesme que me laissastes, qui ne vous abandonneray en tout qui vous sera convenable & raisonable; ainsi que Dieu le sçait, à qui je prie, mon trèscher cœur, de vous guider tousjours au mieulx, et me conserver en vos bonnes graces, Vostre la plus obligée, Elizabeth R.
[Postscript.]—“Marchemond vous escripra particulièrement de mes conceptions & résolutions en vos affayres, à qui j'ay prié de vous en escripre hardiment.
“Dieu garde ma petite pièce (fn. 7) de sept cent années.”
Endorsed :—“No. 3.”
Holograph. 3 pp.
1128. The Queen to the Duke of Anjou.
[1581 ?] “Si ce soit naturelle à cela qui désire d'assister un aultre, à l'acquérir quant elle en est frustré, je n'antend tel langage. Mettes mon honneur, je vous prie, en meilleur lieu que tant me fayre mespriser. Si en lieu de telle requeste, m'eussies mandé honnorable respect, pourquoy en deus estre frustré moy mesme, & en quelle sorte astour c'est en vos mains, que nagu ères disies estre en la possession d'aultruy, vous eussies faict tour de prince. J'entends par ce porteur un raison irraisonable au pis aler à mon jugement, qu'une dame ose tan présumer de la volunté de son mary, qu'elle face part de quelque sien héritage en espécial, estant d'un tel seigneur, qui n'est tant enamoré de Hugenotz, qu'il ait envie de tant leur complaire. Les licenses de femmes de France, peult estre, sont plus libres qu'en aultre pais, de qui je ne m'en mesleray à concluire. En ce qui dignement je puis, ne faillera à le sentillionne, pour qui tant favorablement m'escrivis, mais soubz exception que je me préf ère devant cent Vidasmes, mais, en manquant d'en avoir part, je le préfère devant les aultres. Priant le Créateur que peussies tousjours fayre bonne eslection de véritables serviteurs, Vostre bien affectionnée sœur,
Elizabeth R.”
Endorsed :—“Q. Eliz. to D. Anjou.” “No. 4.”
Holograph. 1 p.
1129. The Queen to the Duke of Anjou.
[1581.] “En quelles termes, Mounsieur, penses vous que je me sentois, ayant reçeu de nouvelles de vostre embarquement à Dieppe, & aussy de vostre retour, contraint par la grande tempeste & contrariété de vant. Je me promets tant de vostre justice que de croyre que rien au monde me peut tant desplaire ny ennuyre. Et pour avoir entendu qu'esties tourné de quelque aultre costé pour effectuer tel dessaing, je pençe vous mander Stafford, ou quelque un de myeus, de m'en assurer plus particuli èrement, mais croyant que ce s'étoit trop cognu, crainant vous en desplaire, ay résolu de vous mander ceste çy par bas, vous supliant bien humblement de m'oster de la paine en qui je me trove, & me mander de vos nouvelles, lesquelles j'espère bonnes, ou souhaite de ne jamais ouir plus en ce monde. Ne vous desplaise, mon trèscher, que je vous souvienne que, voyant que le Roy faict de defences par esdictz, & le déclare par motz asses appertz, voyre au Count de Vimioze, quant il luy demanda, pourquoy il n'avoit gardé d'offençer le Roy d'Espaigne en Flandres aussi bien qu'il ly prometta de fayre en Portugal, il ly respond, 'C'est entre mon frère & moy; si vous sceusies l'occations telles qui sont entre moy & luy en ces affayres, vous pençeries que je n'en ay le tort, & pour Portugel, j'ay quelque bonne raison à en ayder la Royne ma m ère, mais en Flandre, je n'y ay grand droict.' Laisses nous deus en disputer. Je n'en voy trop d'occation; il faict asses pour son plaisir. Hores, si le Roy, en ce mesme temps qu'il est offencé, entend en haste & chol ère vous sorties de son royaulme, je vous prie considérer quelles soupçons ly viendront en teste, comme se feries une partie avec moy contre luy, ou en son royaulme, ou ailleurs; et aussy que l'armée qui se tient pour vous, peult estre seront confus, en pençée d'estre délaissée à leur besoing; et j'entends que ceulz du Paiz Bas commençent à craindre, & se tenir quasy désespérés, qu'ilz ne reçevront l'ayde espérée, voyant que les troppes s'empêchent en plussieurs lieus de France; et viens tout à ceste heure d'en reçevoir cest advis, voyre de fort bon lieu, & non de moindres de ce paiz; mais je leur assure que le Roy ne pourra empêcher qu'ilz n'en reçoivent d'aide, si ce ne soit si grand que le désires. Si est ce que ce sera fort bon pour leur défendre, et celle despence je leur fist fayre ce matin. A Dieu je prie de vous inspirer le mieulx pour vous, & en ce voyage & toutes aultres actions, et après vous avoir adverty de ce qui j'entends, je me remetz à ce que vous trouveres le mieulx pour vous, à qui je souhaite tout le bien du monde, avec mille bénédictions de Dieu. En haste, Vostre trèsobligée à jamais, Elizabeth R.”
Addressed :—“A Mounsieur mon trèscher
Le Duc D'Anjou.”
Endorsed :—“No. 5.”
Holograph. 2 pp.
1130. The Queen to the Duke of Anjou.
[1581.] “Mon trèscher, pour commençer à racompter les obligations diverses, que de jour en aultre vos mérites en mon endroict me rendent, me feroit entrer en labérinthe trop intrique; estant le nombre pourtant si infini, je ne puis plus dire, sinon qu'il me paine trop de voir mon insuffisance pour y povoir respondre en mesure si immésuré. Et vous mercye très humblement croyre que derni èrement de la créance, que Mounsieur Marchemond m'a livré de vostre part, qui me rende estonné d'une constance si rare, qui ne s'esmeut par humeur de testes de malcontans, qui ne sont gu ères oisifs pour empêcher vos désirs. Et pour en primier lieu respondre à ce qu'il vous a pleu de vostre grace m'offrir l'honneur de vostre présence, combien que ne puis (fn. 8) tenir personne plus cher, ny estre tant satisfaict d'aultre chose au monde, si est ce que ne la vous puis counceiller, ne vous voulant jecter au danger de quelque accident qui vous pourroit advenir par le chemin, me pençant que trop heureuse que telle pençée est logée en vostre cœur, qui accroit mon bien, & plus estroictement me serre oultre pour l'advenue de Commissaires. Il me semble qu'elle resemble un mot qui par trop se réciter se change. Il est très vray qu'encor je ne m'assure qui ilz seront, mais véritablement je n'ay désiré par nom l'élection de personne, seulement entendant par la Royne m ère, qu'un enfant deuct tenir le primier lieu; &, n'oyant aultre nommer pour le Roy que Pibrak, je va dire à l'embassadeur que ce fairoit une belle farse aux spectateurs de ne voir aultres parties, & ly supliois d'en escripre un mot au Roy. Despuis, j'ay ouy nommer plussieurs, entre lesquelz sur qui tomberay la sorte, ne sçay. C'est à vous, Mounsieur, devant Dieu je le die en bonne foy, à pençer au temps à venir de l'ennuy que femme tant différente d'ans vous peult procurer, ne souhaitant vivre à vous tramer pénitence si dure, mais si nulle admonition vous peult détourner de d' hasarder (sic) tel malheur, vous ne puis dire que je n'en avois le soing que cella donc qui plus vous honore. Et suis résolue à n'estre jamais à aultre, si quinze ans fussent seul nombre de mon aige. (fn. 9) Et les Commissaires se pourront acheminer, en tel temps que bon vous semblera ne, (fn. 10) mais sans mon accord persant aux trois ans passés, qui me rendent moins idoine à contenter celuy à qui je deus avoir tout bon respect, ne y voyant pire malignement qe se que je tiens, & ne y puis remédier. Quant aux affaires du Pais Bas, j'en ay discourn bien au longue à Marchemond, à la sufisance duquel je me remetz, pour qui ne puis que tesmoigner la fâcherie extresme que son longue attente après vos mandementz ly apportoit, espérant que ly tiendras pour excusé, auquel ne sera de besoing ma requête, pour l'expérience que ces aultres servises vous auront peu faire. Ce gentilhomme m'a faict part de causes que vous aves contre Semie, & en attendant de luy quelque aultre chose que je m'avois primier ouy, j'ay escouté en vain, n'ayant reçeu aultres nouvelles que ce que cinq mois passé j'ay reçeu. Mais je voye bien que la baiure se gainera de telz que pensent de tenir la lance de bilance plus pesante en vostre bonne grace, et ne touchant rien de vostre honneur. Je ne pécheray jamais en euvre de leur gloire; ja, Dieu ne plaise que je fusse cause de vous préférer homme que soupçonnes, & aussy je désire que juste juste (sic) occation soit fondement de vos doubtes, &, qu'aiant en choses si importantes faict preuve de fidélité, que leg ère cause ne l'efface. Et pardonnes moy, je vous suplie, à vous dire librement que, pour l'amour que vous porte, je souhaiterois que sa faulte euct esté plus grande, ou son malheur moindre. O Mounsieur, si Dieu vous manderay aultant d'ans que à moy, comme je le souhaite & espère & ne doubte, vous esprouveres le défault de telz espritz, qui vous esloignent vos meilleurs serviteurs; et ne le dis en intention de vous faher d'importunité en chose qui vous desplaira; faisant fin de cest trop longue lettre, me recommandant du tout à vos bonnes graces, priant le Seigneur Dieu vous mander cent ans de vie.”
Endorsed :—“Queen Elizabeth to Duke [of] Anjou.” “No. 6.”
No address.
Holograph, 2½ pp.
1131. Pierre Clausse, Seigneur de Marchaumont, to [the Queen].
[1581.] Letter strongly urging her marriage with the Duke of Anjou.
[This letter was intended for dispatch to the Queen, as it is signed by Clausse, and bears marks of having been sealed up. It is not, however, addressed, and, having been corrected in several places, has served as the basis of the more detailed letter, which follows.]
French. 15 pp.
1132. [Pierre Clausse, Seigneur de Marchaumont, to the Queen.]
[1581.] “Madame, ceulx qui pour leur passion particuli ère, non considérant, je ne diray les effectz de la fortune, mais ce qui doibt advenir par raison, veullent posséder vostre ma par une puissance tirannique, et vous soubsmettre soubs le joug de leur authorité, vous faisant servir ceulx, sur qui de droict et de nature avez puissance et de la vie et de leur bien, mesurent la bonté et preu d'homme d'ung ch?n [chacun] selon leur leur, ayant nourry l'espace de trois ans vostre ma de calumpnie et imposture de nos princes, que par vostre prudence avez rejecté. Ores que, plus saige qu'eux, puissies discerner mieulx qu'ilz ne font, la paille d'avecq le grain, ils vous mectent ceste pauvre vérité, tantost accoustrée d'ung habillement, puis d'ung autre, au lieu qu'elle doibt estre transparente et toute nue, et par les yeulx d'autruy vous veullent faire veoir ce qui n'est, et ne peut estre, sollicitant vostre majesté par remonstrances de dames, par advis de conseillirs, comme curieux de l'estat, puis soubs main par advis secrets, artifice du roy d'Espaigne, le tout sortant d'une mesme boutique, affin, Madame, de vous divertir de ce sainct amour que portez à celluy lequel, estant de la meilleure maison de la Chrestienté, seul peut estre vostre mary; la bonté duquel et fidellité vous est par tant d'effectz congnue, que je ne veulx meilleur tesmoignage que vostre confession ordinaire de l'obligation que luy faictes cest honneur dire luy avoir, et si clairement, qu'avez voulu q'ung chacun l'ait sçeu, pour monstrer que véritablement toutes vos actions sont royalles, et que ne pouvez en rien approuver l'ingratitude, ayant esté dict par l'Arioste, que l'ange le plus beau des cieulx a esté relegué aux enfers pour ce vice. Je laisseray tout ce discours pour faire souvenir vostre Ma des principaulx poincts qu'elle m'a tenu, et si j'en ay oublyé, je vous supplye très humblement pardonner a ma mémoire, qui est si labille.
Madam, le premier est, que vostre M., ayant attainct l'aage qu'elle a, ne peut avoir des enfans; qu'il est jeune prince et par conséquent subject à changement, que, pour establir ses affaires en Flandres, il vous veult espouser, et que trois ans de mariage passés vous randront misérables, pour ce que venant a n'avoir des enfans, ou ayant estably ces affaires, il vous répudiera, si quelque françoys, ayant pitié de luy, ne le délivre de cest peinne, et vous donne quelque brouet Espagnol ou Italien, chose non usitée ny en France ny en Angletterre, qui soit venu à ma cognoissance, et ce pour puis après espouser l'hériti ère, vous remonstrent qu'ayant passé les feus de vostre jeunesse, vous pouvez plus aisément en la mesme sorte laisser couller le reste, affin que, estant metresse de vous, le soies encores et de vostre peuple, ne vous soubsmectant aux fascheuse loix de mariage. Voilla, Madame, cest article, dont si souvent m'avez parlé, hors le dernier poinct, que je sçay certainement vous avoir esté dict, laissent passer d'autres particularités, qui ne méritent estre remarquées.
Madame, il n'y a celluy qui ne sache que l'honnorable des princes qui sont grans & souverains sçait ce qui leur est utille et nécessaire pour conserver leur grandeur, qui despend de la conservation et de l'amour de leurs subjectz. Mais aux princes Chrestiens appartient de gouverner leur peuple en equité, ne se contanter d'une vainne apparence, ains après ung heureux r ègne reçevoir de leur postérité une bénédiction éternelle. Les princes justes se chargent d'ung grant fardeau quant ils pregnent ung sceptre. Ils ne doibvent seullement avoir soing de leur temps, laissant après leur mort ung brasier de division, et ung flambeau de guerre civille, mais doibvent faire comme le bon p ère de famille, qui dispose de son testament pour oster les proc ès, considérant le lieu et ranc qui tient, ce qui laisse après luy encores, si ses héritiers ne sont pourveus de la grâce de Dieu. Malaisement ce peuvent appoincter, si vostre Majesté par le passé a esté recherchée, si vous avez différé le mariage, ou pour l'utillité de vostre estat, ny estant ses affaires disposées, ou pour vivre en plus douce liberté, lors que l'on y pansoit le moings. L'on donna advis à Monseigneur que le peuple d'Angleterre, principallement la noblesse, se trouvant bien de vostre administration, désirant que leur laississies ung héritier ancient, prye vostre Ma de se vouloir marier : lors ses bons serviteurs de mon Mr luy conseill èrent de rechercher le chef d'œuvre de Nature, vous Madame, comme n'y ayant rien qui peut estre plus convenable aux deux parties, rien plus àpropos pour coupper le cours des conquestes et viollentes oppressions du roy d'Espaigne. Pour cest effect, il vous a faict rechercher; en ceste considération, tout vostre peuple en a esté adverty. Monseigneur vous est luy mesrae venu veoir, pour vous faire les vœux de son fidelle et affectionné service; batu de l'oraige et des vens, est demeuré ung rocher de constance et de persévérance; vous servant absent comme présent, aveq autant d'affection et fervente amour que mille Cupidons en pourroient forger. Vostre ma très curieuse a peu apprendre depuis ce temps là tous ses déportemens et mesmes conceptions plus secr ètes. En ceste considération, Madame, qu'a il faict? Il a abandonné son Roy, et frère aisné, sa m ère, sœur, que l'on disoit le posséder du tout, a laissé arri ère les remonstrances d'aucun et de beaucoup, et leur a faict à tous non consentir seullement, mais embrasser et désirer comme luy la perfection de ce mariage. Pardonnez à ma faulte, je ne veulx dire comme luy, pource que rien ne peut balancer aveq sa volunté en vostre endroict. Vostre Majesté sçait quantes foys elle m'a loué sa facilité et bonne nature, ne vous pouvant jamais méfier de luy, tenant pour chose monstrueuse de veoir tant de fermetté à ung grant Prince, estant véritablement le premier et principal fondement de ce mariage. La grandeur de vostre ma, aussy nécessaire que honnorable pour maintenir vos deux royaumes en union, et maintenir vos peuples en obéissance, a esté depuis enchesné, par la perfection de ce que nature a mis en vous de mille beautés, qui servent de jour en jour d'ung nouveau lien d'amitié; cest esprict, qui rien n'a pour parangon d'ung nouveau brasier pour allumer ung plus grant feu, luy a faict plus obéir à la moindre de vos voluntés qu'à tout ce qui pourroit venir d'ailleurs, comme les effects en ont faict bonne preuve. Vostre Majesté poisera elle pas la vérité à la balance de ses mauvaises impressions, fermera elle l'oreille, et ne prestera audience à ses fidelles conseillers? Veullent ils faire une si estrange metamorphose de mon Mr, que, de prince juste et raisonable, le despaindre pour ung Néron ou Caligula, sans loy et sans foy de vouloir faire meurtrir, ou endurer qu'elle le feust celle qui de Dieu luy seroit pour me tresse et compagne, en espérance de mieulx faire ses affaires? Puis, Madame, qu'il fault sortir d'amitié au droict de violence, ils doibvent donq considérer, qu'estant estranger, nouvel hoste, n'ayant ny fors en se royaume, ny forces auceunes à sa dévotion, enclos de toutes pars de la mer, toutes ses forces aux Pays Bas restant soubs vostre protection et des vostres, aveq sa maison il ne se peuvent prevalloir que de vostre absolue autorité et bonne volunté des vostres, que luy pourroit apporter cella, conduict hors de raison et de jugement, sinon de courir tout le risque qui se peut sans aucun honneur et proufict, en danger de perdre toutes ses conquestes, et la vie, et la douce possession de son domaine, quant il seroit ennuyé du long travail, si sçait pour espouser la royne d'Escosse.
Reputez vous, Madame, sa vie passée, et que mon Mr la sçait, et pour ce Manet alta mente repositum. Il n'a le cueur si bas, estant ne si grant que party ne luy peut manquer, ne se pouvant nullement refroidir en l'amitié qu'il vous porte, n'estant plus luy ains ung autre vousmesme, qui ne se peut esbranler pour bonne ou mauvaise fortune. Pource, Madame, ilz doibvent oster cella de leur compte, n'estant vostre majesté hors d'aage de laisser de vous ung successeur en cest estat, et ores qu'il n'y en eust, reçevres de luy le traictement que pouvez désirer, ayant eu du temps pour considérer vos deux aages, et ce qui peut survenir. Au lieu de tant qui se disent vos serviteurs, et se monstrent mes [maîtres] en leur opinion, vous tourmentant de leurs persuasions, aurez ung parfaict amy, qui, vous délivrant de vos ennuys, s'en chargera, vous laissant tout le contentement que pouvez désirer, et vous délivrera, Madame, de ce que je sçay certainement, que vos subjectz esliront ung successeur d ès l'heure qu'aures attainct l'aage de cinquante ans. Ayant jouy du bien, regné heureusement, il vous sera dur de passer le reste de vostre vie en vous veoyant décliner, de veoir adorer le soleil levant. Ce n'est langaige; si vostre ma ne se resoult au mariage en peu de temps, elle en verra les effects. Pour la disputte de ses héritiers, vous n'estes si mal advertie que ne sachies leurs pars, q'ung chacun ne veuille tumber à la miséricorde de son compagnon, et qu'à cest effect, ils sont tous aux champs, armés en leur maisons.
En la vicissitude des choses, rien n'est stable, et chacun à son tour; qu'ayant estainct le roy d'Espaigne, une partie de la guerre, aux Pays Bas, ayant chassé les Françoys hors, et n'ayant que ceulx du pays, il sçaura bien trouver le temple en ce pays de dame discorde, qu'il bastit de longue main. Il sçait que le plus petit de Londres peut aveq ung faisseau de paille ambrasser toute la ville, que tout le peuple ensemble aveq l'eau de la Tamise se trouveront bien empesché à le pouvoir estaindre, et ne veullent pas que ce prince qui n'a estably ses affaires d'autre façon resucite (semisopitos ignes), tesmoing l'Irlande. A ceulx qui sont sains une maladie est plus dangereuse et fascheuse apporter, vous ayant autrefoys ouy dire, Madame, que tela prensa minus feriunt. La nécessité donq advenir vous y appelle, la bénédiction de vostre postérité vous y convie, les fidelles et affectionnés services de mon Mr vous y contraignent, toute la Chrestienté le désire, vostre santé en amandera, et vostre liberté ne demande autre chose, affinque, non poussée de tant de diversité de veus, soies comme la mouche à miel; prenant sur toutes les fleurs la manne, facies aveq ung autre vousmesme le miel, soit pour conserver le bien, soit pour adoucir le mal, portant leguillon pour chastier vos ennemis, et ne remacher bien souvent en vostre couraige ung ennuieux desdaing. Vous pouves doncq par vostre delay vous randre ou misérable, ou, par une prompte et nécessaire résolution, vous randre monarque, ayant authorité sur vos voisins et sur vos pansées, ne courant au malheur d'ung long repantir, trèsmal séant à une si saige princesse, qui aura peu prévenir au mal par ung grant bien. Pour n'estre long et fascheux, je vous supplieray de vouloir examiner vostre âme, et dire ce qu'elle panse le mieulx, venant aux autres poincts aussy peu véritables, comme ils ont esté calumpnieusement inventés.
Ils vous ont remonstré et faict dire soubs main, Madame, que Monseigneur estoit prince très catholique; que en ce royaume il y en avoit beaucoup, qui jà se vantoient et se randoient par trop insolens, que depuis la possession du sceptre vostre majesté a gouverné le peuple en paix, à l'exercice de ceste religion, qui ne peult souffrir ung changement, sans une subversion généralle de l'estat; que y estant son altesse, les catholiques incontinant s'él èveroient, et que l'on les vouldroict assister, attendu que Monseigneur ne vouldroict désobéir et au pape et au roy, qui luy ordonneroient de se faire, et pour luy en donner plus d'occasion luy permetteroit de vous répudier, à quoy il ne vouldroic désobéir, craincte d'une excommunication, aussy que depuis ce pourparler aves esté la plus tourmentée en Irlande.
Je m'esbahis, Madame, où les ennemis de vostre Majesté et de Monseigneur ont esté rechercher ses discours, où il n'y a auceune apparence de raison, veu que vostredite Ma sçait mieulx que nul autre que lesdits catholicques ont esté soubs main recherchés du roy d'Espaigne, qui a fourny en ce royaume plus de quarente mil escus et mesmes à des protestans, pour ou rumpre se mariage, ou le différer, aussy pour maintenir lesdits catholiques, et leur faire eslire ung chef. Le pape ne s'y oublye, estant de son debveoir; messieurs de Guise aveq la royne d'Escosse ne perdent pas temps, trainant soubs main le mariage d'une princesse d'Espaigne pour le prince d'Escosse, et mectant en avant celluy de la royne d'Escosse aveq ledit roy d'Espaigne, ne se promectant moings par là que réduire l'Irlande, à son obéissance, et maintenir la prétendue succession. Si lesdits catholiques se veoient désespérés, et sans auceune espérance d'une vie libre, panseront en ce perdant de ne rien perdre. Mais si leur donnez ung prince où ils voient leur seuretté, et qui fera tout ce que vouldrez, emploieront leurs biens et leur vie, soit en Irlande, en Escosse, ou en Flandres, et se contiendront en leur naturelle obéissance. Vostre ma ne faisant le mariage, elle verroit incontinant les effects de ses beaux conseillers, et, si le pape craindroict de se déclarer ouvertement, et ceulx y dessus nommés, il n'y a que tenir aussy, Madame, que ledit mariage se faisant, le Pape ne vouldra jecter le manche après la cognee, ne osera offençer le roy qui aura promis amitié, faveur, ligue offensive et deffensive, et Monseigneur, à quoy sera tenu sa Ma, le tout estant passé par la bouche de si solempnels ministres, et par contract de mariage qui ne se peut rumpre, estant chose privilegée, à sçavoir si le pape, qui a tout desadvoué ce qui s'est faict en Irlande, n'aimera pas mieulx gratifier vostre ma que de la malcontenter. Ses raisons là sont par trop frivolles, et est véritable que vos Irlandois, trouvant grace envers vostre mate, n'estant assistés d'aucuns, et hors de l'espérance de le pouvoir estre, se soubsmecteront à vostre obéissance.
De dire aussy, Madame, que son Altesse, estant catholique, voudra abolir les autres religions, mon mr est véritablement prince catholique, craignant Dieu et aimant sa loy, qui a tousjours veu que ce qui estoit imprimé au cueur des hommes par les oreilles ne pouvoit les faire changer par la violence des armes, laissant à ung chacun faire le service de Dieu tel qu'il panse en son âme et en sa conscience, randant au prince la naturelle obéissance qui luy est deue, et d'autant que les effects ont fait certainne preuve de la vérité, par la blasme que l'on luy a voulu donner de n'avoir assisté le roy à défaire ceulx qui s'étoient eslevés en France, et alors qu'ils pouvoient le moings, et que par artifice espagnol l'on disoit qu'à ce coup il y avoit moyen de les estaindre sans retour, ny que leur cendre en peussent rescusciter d'autres. Par vostre saige et prudent advis, il a entrepris le faict de la paix, laissant vivre ung chacun en liberté de leur conscience, a usé de telle patience que vous mesme l'avez admiré.
Ceulx qui par ses discours veullent empescher le mariage, font de grandes oppositions à Pestablissemment des Pays Bas, pour redonner au roy d'Espaigne le moyen de se pouvoir restablir, faisant entrer mon Mr pour regner au commancement renart, et puis après lyon, lequel a promis de tenir les religions comme il les aura trouvées sans rien innover, et les maintenir en leurs privilleiges. Ceste reigle est pour ceulx qui ont toute leur domination sur ung continent, où il n'y a q'ung petit numbre, qui travesse l'estat par quelque innovation de religion, et que le reste s'y oppose; ung roy absolument le peut faire, et faire contenir aveq pressance (sic) absolue tous ses subjects. Mais quant l'on considérera ce qu'a faict Monseigneur en la France, le désir qu'il a de se conserver aux bonnes grâces vostres, et de vostre peuple, aveq vos saiges et prudens advis, l'opposition qu'il faict à la tirannie espagnolle aux Pays Bas, ou pour se maintenir, fault qu'il maintienne la neutrallité, estant très-nécessaire que vous et luy aies une bonne intelligence en Allemaigne, estant toutes ses parties là divisées, je m'asseure qu'il n'y a homme de bon jugement et aimant mon me [maître], qui ne die q'usant de réformation à la chose establie, que ce seroit monter sur le plus hault rocher pour plustot briser sa fortune et luy, et la submerger si fort, que nul se pourroit servir du naufraige que les ennemis de la cause.
Vous voies doncq, Madame, par là, qu'outre sa prudhommie et la bonté de son naturel, qui est d'estre constant à inviolablement guarder ses vœux et promesses, qu'encores qu'il voulust, comme ils vouldroient faire à croire, et que par tous moiens il désirast, de s'establir quove modo quave injuria en ce faict, il n'y a nulle apparence, que ne pourroit discerner le faulx d'aveq le vray, seroit estre du tout avveugle pour ne juger des couleurs ou ne vouloir veoir clair, mectant en considération ce qui n'est, et ne peut estre, qui ne voudroict ourdir le fil de sa ruine; qu'ils poisent, Madame, la très-instante requeste que j'ay faicte à vostre ma pour ses prisonniers, qu'ils l'avoient offencé, lesquels il ne désire qu'ils soient seullement mis en liberté, mais réintegrés à vostre bonne grâce, postposant la clemence à la rigueur de justice; qu'ils jugent par là s'il est cruel et doux désire pratiquer de parcere subjectis et debellare superbos. C'est au roy d'Espaigne qu'il fault qui (sic) s'adresse, comme le plus grant et puissant ennemy qu'aies, pour luy rabaisser tant de vaine presumption, dont il veut se faire redoubter par une vaine apparence de la Chrestienté, ayant plus ambrassé qui ne pourra estraindre, ayant ses pays divisés, il n'y a rien de si aise que de le ruyner & luy en venant une, le reste se suivra. Il m'est advis que j'ay asses suffisamment parlé de cest article, ne restant plus que la proposition derni ère, qu'ils trouvent très-importante, et à laquelle il y a apparence, si le fondement de leur proposition estoit véritable, qui est seullement pour gaigner le temps, refroidir la volunté vostre, celle du roy, affoiblir la ferme constance de Monseigneur, faisant paroistre que n'en aves nulle envie, portant au cueur ung ennuixule desdaing; dons (sic) ont remonstré, Madame, qu'ayant son Altesse ses desseings trèsgrans et esgaulx à la la (sic) grandeur de son couraige, dignes du lieu et ranc qu'il tient, & entrepris la guerre contre celuy vostre ennemy commung, prince trèsriche et puissant, pource il fauldra indubitablemment que fournissies aux frais de la guerre, où tout le trésor amassé de longues années se trouverra dissippé, qu'il n'ait pas croyable que le roy veuille ayder son frère, ne s'estant pas luy mesme voulu ayder en Portugal, et qui estant embarquée il se retireroit de la promesse, alleguant, ce que l'on vous a voullu imprimer, avoir esté dict, et par la royne m ère mesme, de sorte que n'ayant plus d'argent, il fauldroit faire ung impos sur le peuple. Quoy advenant, et vous et mon Mr series du tout en la mallegrace de vostre peuple, qu'aves depuis vostre r ègne tousjours soulaigé, de sorte que tous deux courries une fortune, vous apportant par là le mariage une ruine commune; que à vostre ma milles morts vous seroit plus douce que de veoir vostre peuple qui vous honnore, et, si j'ose dire, adore, vous hayt (sic) et aussy de veoir ce prince, au lieu de plaisir et joye, reçeveoir ennuy et mescontentement, au lieu de commodité, incommodité.
“Madame, nul ne peut mieulx que moy vous faire entendre l'obligation que le Roy a à Monseigneur, de l'assister, ayder, et secourir, de tous ses moyens, contre le roy d'Espaigne, tant pour la nécessité de ne laisser croistre la puissance de se prince, aussy pour les mennées et mauvais tours qu'ils a faicts au royaume de France, entretenant et fournissent de boys pour tousjours allumer les feux de nos guerres civilles, assisté d'argent le maréchal de Belleguarde et autres ses ennemis, qu'aussi pour la mutuelle et fraternelle amitié qu'ils se portent, et l'obligation derni ère d'avoir estably son royaume en pays et repos (service très-signalle). Le Roy, ayant les guerres civilles sur les bras, et, d'autre part, le Portugal, qui se perdoit, non despourveu de jugement, ny aussy ses conseillers pour adviser et rémédier aux deux, s'il estoit possible, à scavoir, d'es-taindre ce feu allumé en France, et d'assister Don Antonio pour à vos despens ne regreter le temps perdu. Le roy en fin fust conseillé qu'il ne pourroit et dehors et dedans avoir la guerre ensemble, sachant que la maladie qui est dedans le corps le faict plustot périr que celle qui est en la superficie. Pour ceste cause l'artifice de l'Espagnol fust tel que d'avoir suscité ce feu par nos Françoys, mesme le faisant nourry, qui de jour en jour remonstroient que si l'on vouloit ceulx de la religion ne seroient q'ung feu de paille menné, actendu qu'ils n'estoient unis, ains divisés pour estre une trouppe, qui ont pris les armes sans tout le consentement général, n'ayant esté toutes les esglises assemblées, ny les sinodes de deça la Loire appellés. Je ne veulx entrer en ceste considération de leur occasion, bonne ou mauvaise, mais sçay je bien que Monseigneur fust fort sollicité d'entrer en l'ung et l'autre party, luy proposant de chacune part sa grandeur. Il fist desseing tout contraire, et estant son naturel de vous aimer, honnorer, et servir, et par conséquent de croire vostre conseil, il ne se mesla de rien, sinon que désirant la paix en France, et y laissant le repos, désiroit les effects du mariage, laquelle estant en guerre civille, vous trouverries, Madame, et eulx aussy, soubs la dition d'ung qui n'est grant que par vos negligences, et qui de jour en jour croist. En ceste considération, je fus envoié vers le Roy, pour luy remonstrer que Monseigneur ne le pouvoit assister, perdant en ce faisant, le moien de luy faire ung meilleur service; aussy que de se monstrer partial, c'estoit coupper le chemin à la chose la plus désirée, qui est la perfection dudit mariage, et fermer le pas qu'il ne seroit plus requis ny demandé aux Pais Bas : qu'il luy supplyoit que luy donnast la paix en son royaume, affin que sa ma, défaisant le françoys par le françoys, voulant chastier ceulx qui avoient pris les armes contre luy, ne perdist le meilleure partie de ses serviteurs. Ceulx qui sont désespérés vandent leur peau bien ch ère, quant ils sont reduicts (ut nulla sit spes victis nullam sperare sallutem), et cependant de le vouloir ayder à arrester le cours de ce torrent violent, insatiable en ses conquestes; que ce qui luy cousteroit ung milion d'or, temporisant, et vingt mil hommes, il l'auroit à ceste heure pour néant. Ceste requeste de Monseigneur fust acceptée par le Roy, prenant en payement ceste tant legitime excuse, et acceptant l'offre, promect, la paix establie, de l'assister de ses moyens et forces; mais qu'il ne pouvoit avoir des ennemis dedans son royaume et dehors, que veoiant la seuretté d'icelluy, il ne luy manqueroit à ceste bonne volunté et au debveoir de bon frère. Sur ce intervint le si ège de La Fère, durant lequel craincte que le mal n'allast de mal en pis, je partis de Fontainebleau pour aller trouver Monseigneur, aveq applaudissement du roy de mon intention, lequel me fist fort ample déclaration de sa volunté, aveq infinis sermans. S'estant de tant dispensé par icelle, il pryoit son frère de se haster de faire la paix, affin que plustot il le peut ouvertement secourir, et aussy qu'il prist une résolution de le veoir, pour adviser ensemble des moyens que l'on auroit à y tenir, tant pour le faict de ses finances, que de ses forces, estant la guerre des princes juste ou elle est nécessaire, en ayant sans cella pron d'occasion que, la guerre durant et la paix non faicte, il luy estoit impossible de le pouvoir assister. Ce que le roy avoit par moy mandé, a esté par mon Mr le plus dilligemment que luy a esté possible exécuté, de sorte que sa ma m'a dict avoir tant d'obligation à son frère, non une foys mais plusieurs, que de tous ses moyens il le vouloit ayder, et ne le délaisseroit jamais, mesmes de sa personne, s'il estoit besoing, le pryant de parachever ce qu'il a si bien commancé. En ceste considération luy a escript, et dont peuvent porter tesmoignage les depputés de Flandres, la lettre apportée par le sieur de Villeroy, qui en donna assurance à son Altesse.
Considérez, je vous supplye, Madame, considérez que pour avoir faict ceste faulte de n'avoir secouru le Portugal, ayant une guerre sur les bras, il ne veult en faire une plus grande; ayant la paix, le blasme et le regret en seroit plus grant, et ne veult tumber en Scille pour avoir évité Caribde. C'est beaucoup à ung grant roy de faillir, d'autant qu'ils sont l'exemple de tous, et que la faulte tumbe sur leur peuple et postérité, mais de persévérer sçait bien encores le pis. Car, Quidquid délirant reges, plectuntur Achivi. Pource je m'asseure que le roy ne vouldra nullement manquer à ce qu'il a si solempnellement promis, y estant mesme forcé tant pour la conservation de sa grandeur, que pour les affaires de son estat. Il est bien vray, Madame, qu'il a tousjours désiré que vostre ma, comme y ayant le principal interest, y entrast aveq luy, affin de chastier et s'opposer à ce prince de la vainne présumption qu'il a de vouloir donner la loy à ses voisins. Je ne doubte que surce des subjects du roy n'en ayent parlé diversement, mais ç'a esté aveq les artifices de l'Espagnol, pource l'on a pansé que plus sœur lien d'amitié ne se pouvoit faire, que de vous donner son frère unique en mariage, qui n'est subject à mutation, apportant bien souvent la réputation, ou l'establissement, ou la conqueste, de la chose entreprise, tesmoing les Poullonois à la recherche du roy, ceulx du Pays Bas à celle de mon Mr. Vous sçaves, Madame, que ce prince a sa domination fort séparée, et à laquelle malaisement il peut establir son autorité, luy estant paravanture le Portugal une despence, si les Isles ne se réduisent à son obéissance. La plus part de ses subjects luy obéissent plus par craincte que par amour, ne voulant faire les foulx à leur despens. Mais, s'ils voient ses deux royaumes vins du jour au lendemain, se tireront hors de sa tirannye. Toute l'Italie, ou la meilleure part vous tend les bras, laquelle, quant elle verra autre chose que parolle, faisant allience, jectera le joug de l'obéissance que l'on luy veut mettre. Le mariage, dis-je, fera cesser les secr ètes mennées de vostre royaume, plus grandes que ne pansez, et l'opinion que luy et d'autres ont de pouvoir brouiller vostre estat, voies l'Irlande. Congnoissez la résolution du roy d'Escosse, et qui ne veult pugnir le conte de Morthon que pour croire qu'il a intelligence aveq vostre ma. C'est à vous, Madame, à y penser, et vous asseurer de l'amitié de celluy qui a moyen de vous pouvoir servir. Le roy, se reveisllant d'ung profond someil, veult porter les frais de la guerre de Flandres, laquelle, Dieu aydant, par les forces de Monseigneur, par le secours du Roy, par l'ayde que feront ceulx du Pays Bas, et par vostre faveur et consentement, ne sera de durée, et servira audit roy d'Espaigne et aux autres, de ne rien entreprandre contre vostre estat, et vous couvrant d'une puissance, tenant en craincte vos ennemys, fera appaiser les troubles de l'Irlande. Il ne fault, Madame, remplire ce papier des raisons que vostre ma sçait mieulx, et d'exemple du passé, ny vous persuader davantaige que ceulx qui veullent différer veullent rumpre, et qu'ils sont secrets ministres des voluntés du roy d'Espaigne; sachant que l'allience est subjecte à changement, et non le mariage, demandent par là ruine totalle, et de vostre majesté et de Monseigneur.
Madame, l'honneur que j'ay reçeu de vostre majesté, mes remonstrances faictes sur les propositions vostres par vostre douceur ont esté quelque foys bien reçeues, et lesquelles, par vostre expr ès commandement, j'ay faict entendre à mon Mr, j'ay pansé que n'auries désagréable que j'aye escript à vostre majesté d'ung stille grossier et mal digéré, non artificieulx, plain d'une franche et libre vollunté. Après le très fidelle service de Monseigneur, et l'amour de ma patrie, de employer tout ce que Dieu m'a donné, et sacrifier ma vie à l'execution du moindre de vos commandemens, vous n'aurez doncq s'il vous plaist d'esguart à la façon du discours, mais à la substance d'icelluy, ne voullant céder d'affection à aucun, me permetteres en toute liberté de dire à vostre majesté que le mariage ne vous est moings ntille qu'honnorable. Je ne parleray des qualités de mon Mr, qui vous sont trop congnues. Ce ne seroit qu'en vain tracer le papier, et viendray en vostre particulier. De jour en jour vous entendez des affaires d'Irlande, et le succ ès d'icelles de pis en pis. L'on attend une résolution du mariage en ce royaume, ou selon le faict et défaict se font aussy divers desseings, s'il ne se faict en France, il y en a pron qui ne manquent d'inventions et de moyens. Ce jeune prince d'Escosse sera bien aise de trouver conseil et faveur de se perdre, pourveu qu'il puisse faire perdre autruy. Le commancement de ce qu'il faict le monstre, n'estant la sagesse et jeunesse voulontiers ensemble. Je laisse l'offre qui luy a esté faicte par le roy d'Espaigne, le pourparler du Conte de Oestmorlan, l'intelligence de ses cousins, puis le trois hériti ères qui ont l'œil ouvert à faire trames et mennées pour n'estre descheuées de leur droict; ce loup ravissant, autheur de tout le mal, qui a protesté de se vanger du sang espandu en Irlande, qui a tousjours eu intelligence et praticqué aveq vos ennemys, lequel a je dressé forcà pour y envoyer ou en Escosse, s'il en ont besoing, pratiqué le Cazemir, vostre pensionnaire, eu aveq luy Beauvot de la part de ceulx de Lorrainne, vous veult couvrir d'ung peu de miel beaucoup d'amertume, pour vous flattant gaigner le temps qui luy servira d'establir ses affaires, vous faisant après payer luxure de ce qu'il vous a si longtemps gardé, ne remachant en son couraige que le désir de vostre ruyne. Il n'y a rien plus nécessaire, Madame, que d'obvier à cest oraige ce que Monseigneur fera très voluntiers par une forte et puissante armée, qu'il envoiera aux Pays Bas, et emploira ses amis, ses biens, et sa vie pour la conservation de vos subjects et grandeur de vostre couronne. Le Roy d'Espaigne s'y trouverra si empesché qu'il n'aura loisir de panser ailleurs. Jugez vous pas, Madame, ses mennées pour tousjours différer ce que l'Espagnol s ème de toutes pars, le propos tenu par Taxis en plainne table à Chenonceaux, que le roy son Mr vouloit mettre une de ses filles pour estre nourries aveq la royne sa grande m ère; pourroit il nyer qu'il n'eust dict, et Maldonnast à moy, que son Altesse chercheoit à faire la guerre où il n'avoit droict, et malaisement se pourroit establir parmy se peuple inconstam, mais s'il prétendoit chose pour estre venu de la France, qu'il y avoit des moyens licites et bons, qu'il falloit que ses deux grans Roys s'unissent, affin chacun de partir le reste du monde, et commançer à ce vanger de celle, qui a tousjours fourny de boys aux guerres civilles de France et de Flandres par le passé. Ils n'ont oublyé aveq cella mille promesses, ont ils pas encores voullu entremettre le Pape par le mariage de la princesse de Lorrainne, qui debvoit donner en ce faisant le contat de Venisse et le ériger en royaume, aveq pansions sur l'église pour luy faire entreprandre la guerre. Ils y joignoient aussy le marquisat de Salluces, et l'es-change de l'appannaige à la conté de Prouvence. Rien n'a sçeu esbranler la constance et fidellité de mon Mr, qui faict paroistre que, estant toutes choses fragilles et mortelles qui sont soubs le cercle de la lune, rien n'est si sollide que sa parolle et sa foy. Je sçay, Madame, d'ailleurs, qu'ils ont voullu faire courir le bruict du mariage de ce viellart, de l'oubly de ce qui s'est passé, et de vous appaiser vos troubles.
Quelle apparence de laisser ses nouvelles conquestes, où il n'est encores seurement estably, de venir chercher un nouveau himen pour s'en défaire, comme des autres. Son aage luy permect de se reposer, et, luy affoiblissant le cerveau, luy croistra le mal d'Autriche; luy, qui est jésuite et théatin, contre ses sermens y vouldra panser, se sont contes pour faire dormir les petis enfans, et amuser la sotte populace; congnoisses par là quel est son desseing. Nous ne pouvons, Madame, juger de l'advenir, s'estant Dieu reservé la prescience des choses. Bien vous diray-je que quoy qu'il advienne, ny ayant desdaing de vostre Majesté, Monseigneur ne se départira jamais de la volunté de vous obéir, ores que la mort luy seroit aussy douce de n'avoir l'effect de ce qui désire. L'on vous a tousjours dict qu'asses mal voluntiers le Roy entrera en guerre aveq le Roy d'Espaigne, si fera en mariage faisant, l'ayant juré, promis, et signé, et ce pour certes bons respects, et sera plus aise si de tant je m'ose advancer que son frère sort grant hors du Royaume que dedans.
Pour toutes les considérations y dessus desduictes, l'assurance que l'on luy a donné, que demandies non moindre compagnye que celle qu'envoya l'Empéreur Charles le Quint, et qu'aimeries mieulx avoir perdu le bras droict et deux millions d'or, que de les faire venir et que le mariage ne se fist, il vous a envoyé ung prince de son sang, celluy qu'avez eu pour agréable, ung maréchal de France, et plusieurs de son conseil, compagnye digne et cappable d'ung tel mariage; lesquels s'ils s'en retournent, les mains plainnes de vent, et descheux de l'asseurance que l'on leur a donné, ne veoyant réuscir l'effect de leur veoiage, ne fauldront et ceulx qui n'ont de petite part en France à remonstrer ceste indignité faicte au Roy, que luy sera tousjours loisible d'avoir bonne intelligence aveq le Roy d'Espaigne, et qu'il se trouverra des pars en vostre estat, l'on favorisera vos Irlandois, et succitera l'on le roy d'Escosse se remuer pour attanter à la prétendue succession. Les effects de sa volunté vous sont très clers, et le langage qu'il tient, le rappel de tous ses bannis à cause de sa m ère. Je veoy, Madame, que vostre puissance est très-grande, non pour résister an mal dedans, et dehors, de toutes pars, ne consistant vostre estat qu'en la force des hommes, ayant peu de villes fortes. Le malheur vient inopinement aveq des asles, mais s'en retourne aveq piedz de plomp, et ne se peut chasser aisément. Par là je veoy évidement vostre ruyne, et par conséquent celle de Monseigneur, qui courrera tousjours telle fortune que voudrez courir. Par le mariage, pouvez le tout éviter, non pour vous conserver seullement, mais croistre vostre fortune et vostre gloire, laisserez une memoire à vostre posterité et bénédiction d'icelle, repos à voz subjectz, ne vous soubsmectant le reste de vos jours à l'obéissance de ceulx, à qui de droict vous debvez commander, et prenant pour compagnon de vostre heur et malheur celluy qui vous aime plus que luy mesme. Aussy que de vous deux gist ou la perte de la plus part de Chrestienté ou la conservation. Je vous supplye doncq, Madame, sans plus tirer à la longue, de prandre une bonne et prompte résolution Je sçay que tous vos conseillers et subjects veullent ce que voullez. Vous avez icy Messieurs les Contes de Succes [Sussex], de Lecester, et grans trésoriers, que je nomme par honneur, aveq infinis autres qui, je m'asseure, trouvent le mariage très-nécessaire, faict avecq les conditions raisonnables. Vostre ma se doibt resoudre aveq eulx, aimant plus et vostre contentement & vostre estat que leur propre vye, affinque, venant ses commissaires, l'on y perde le moings de temps que l'on pourra.
Madame, il n'est plus question de temporiser, mais, en remédiant au mai, d'avancer le bien le plus que l'on pourra, et conclure ledict mariage, qui vous peut apporter de l'honneur, du contentement & plaisir, sans aucun dommaige. Je supplye encores vostre majesté, en toute humilité, de vouloir pardonner à ma présumption, et accuser vostre douceur de vous avoir mandé, en toute vérité et liberté de conscience, mon advis, aimant mieulx avoir la bouche close que de remplir vos oreilles de flatteries par impostures et manteries, laissant celluy, qui est scrutateur des cueurs des hommes, à juger de mon intention, Qui par sa grace vous en fera veoir à toutes heures les effectz, et si pour caution de mon dire et de la volunté de Monseigneur, ma vye est suffisante, je la vous donne librement, sans appel, pour en estre disposé par vos commandemens absolus, prest à tenir telle prison que bon vous semblera, que ne me sera jamais si obscure que de me veoir privé de vos bonnes graces. Je prierai Dieu, Madame, qu'il m'y conserve, vous donne en longue vie et santé ung heureux r ègne, en mariage union et contentement, et le regret de vostre perte après une heureuse fin, et qu'il pugnisse ceulx qui vous couvent une am ère poison de beaucoup de douceur, et à moy vostre grace, et que je puisse estre au numbre et trouppeau de vos bestes, me permettant de vous baiser très-humblement ses très-belles mains de vostre majesté, de la part de vostre très-humble, très-obéissant, & trè[s]-affectionné serviteur.”
Endorsed :—“To the Queen concerning her mariag with Alonzo.”
No signature.
20 pp.
1133. The Queen to the Duke of Anjou.
[1581.] “Mon trèscher, je voy bien que ne vivray jamais à estre tant aigée que je n'oye quelque chose plus nouvelle qu'à esté cognue au devant, & que mon expérience au monde n'ayt esté si grande que vous ne me voulies quelque chose estrange adjouster. Ce qui m'aprainct la dernier requeste que M. de Marchemont m'a communiqué de vostre part, me rendant estonné que telle pençée soit entrée en vostre âme, estant prince qui communément ont respect au dangiers qui leur peult arriver plus que non à l'amour qu'ilz prétendent, mais je voy bien que Vous me faictes la grâce de postposer toutes telles ambiguités, qui Vous pourront retirer de vos désirs, qui m'oblige tant, que je crains de trop Vous importuner du récit si souvent d'une mesme chose, m'ennuiant de n'avoir variété de motz capables d'esprimer l'inenarables liens en qui me tenes, pour n'estre soufisante à y respondre en la moindre partie. Nonobstant ne puis faillir d'avoir soing de Vostre grandeur si avant, que Vous prie très humblement primier, que le faire de poiser en droictes balances quelz accidentz vous en peuvent réuscir, comme, en primier lieu, si le mariage n'ensuivit, de qui j'ay grande peur, pour plusiours raisons, qui importent bien fort mon estat, & que peult estre toucheroient aussy vostre contentement alors juges si ne pençeres combien pr ès il Vous touchera en honneur, considérant l'attente qui en a esté, qui Vous fairoit haïr l'occasion qui l'y Vous a convié, qui me crêveroit le cœur, & sans coup de dague me rendroict morte. Aussy je m'assure qu'il ne manquera à bons espritz, qu'ilz ne Vous fasent à croyre que seule seray cause de Vostre malheur & ignomle (sic) par tout le monde. Aussi le Roy, si Vous ne ly en faictes quelque secret indice, jugera l'audace trop grande de sortir de France, comme ne vous fiant de luy. Mais, si Vous ne trouveres ces difficultés si grandes, que Vous n'en soies résolue à le trouver bon, nonobstant toute chose qu'on y pourra adjouster, & que présupposes que l'enterprise de Flandre sera ce que donnera asses d'ombrage pour couvrir tout mal encountre, & que cela rendra asses de contentement à vous mesme de nous accorder ensemble de ces négoces, pensant que les mylors seroient satisfaict que ne voulies rien entreprendre là sans mon consentement, (fn. 11) j'aurois regret que pençies que je n'ay envie de vostre présence, l'heureus accès de laquelle me seroit la plus agréable chose du monde, si ces crainctes ne m'en mestassent bride, estant la créature seule de qui je dois faire plus d'estat, & à qui je me remetz de se veoiage, vous supliant bien fort d'en regarder le fond, pour vuider toute injure de repentance. J'ay communiqué à M. de Nery plus particuli èrement beaucoup d'aultres chose, qu'il vous plaira entendre, estant séantes pour vostre sçeue, de qui cognoissant la France que ly aves, ne puis doubter la suffisance, et prens trop de pitié de vous fâcher de mes barbarismes, Vous supliant que Semie puisse reçevoir le profit aussy bien que l'honneur de vos libérales dons, pour lesquelz j'auray tousjour cause de m'en resentir, et espère qu'il ne méritera jamais au rebours. C'est chose mal convenable aux princes de rendre leur serviteurs désespérés, en espécial leur ayant faict boiété de leur secretz; peu de motz servent aux sages. Vous me pardonneres toutes mes folies, les enveloupent dedans la plie de mon fidelle affection, qui ne donnera lieu a aultre qui soit, comme Dieu sçait, à qui je prie vous donner mille ans de vie. Vostre très obligée à jamais.”
[Postscript.] “Mounsieur, si ce n'euct esté bon pour vostre respect, & ailleurs, que le mariage fust suspendue, je vous en euct faict ma derni ère résolution déjà, espérant à diriger mes pas pour vous guider à bon chemin, & chercher bons moyens de vous honorer.”
Holograph. 2½pp.
1134. The Queen to Henry III., King of France.
[1581.] “Mounsieur mon bon frère, le plus admirable ouvre que Dieu jamais créa me semble d'avoir formé tant de visages divers & tant d'espritz n'entresemblantz l'un l'aultres. De derni ères, je me sentz si esmeu de passions divers, & de pençées si contraires, que, pour ne pençer comme eulx, je souhaite de ne rien pençer, et pour voyr tant esloingnés les opinions de la plus part de mes subjectz de cest mariage tant désiré, je ne leur condamne tant comme en accuse le meschanseté de ceulx, qu'en un temps si mall commode pour nous deux, advancent leur injures pour fayre obstacle à un acte si honorable & à louer par toute la Cristienté. Je veulx dire le Prélat de Rome, qui en Concistoir publiquement en grande dévotion, y a trois ou quatre mois, fit renouveller les bulles qui dénonçent à mon peuple le peu de devoir qui m'est deu, le nommant péché mortell à m'obéir. 0 quelle religion fardée ce Tirant cy imagine! Pençes, trèscher frère, s'il n'y a reson que je me resentz de tel tort, et n'estant rien en ce monde de plus grand poix que la persuation fondée sus conscience pour remuer les cœurs de Crestiens de l'obéissance de leur Prince, combien que j'ay eu asses de temps pour fayre l'espreuve de la fidélité de myens, et leur ay trouvé les plus fidellz que oncques Prince euct, si est ce qu'il m'appartient à leur conçerver en ceste bonne volunté par mes démérites, et de n'entrer en pacte quelconque qui en fict diminution. Vous n'estes ignorant que Mounsieur faict la profession de la religion Catholique, de laquelle Le Pape se nomme chef, lequel, m'estant monstré si aperte ennemy, leur faict à craindre que quelque meschant tour me soit tramé par le moyen de ce mariage, se persuadent que vous aultres n'oseres ly contrarier en chose qu'il veult, qui leur rend fort doubteux de la fin de ce mariage. Et combien que je leur puis gouverner si bien qu'ilz feront ce qui leur sera commandé, si est ce que je suis trop fasché & tormenté d'amener Monsieur en pais si doubteuse de ces actions, souhaitent tout l'ayde & contentement à un Prince qui, par tant de moiens m'a obligé d'estre à luy plus que à aultre quel qu'il soit, ne vous désirant tant d'ennuy que de sentir la moindre part de doleurs que mon âme soufre pour m'esloingner de la compagnie d'un tel que tant j'honore, ne regretant tant ma vie comme pour me voir frustré d'une attente de telle félicité, esmeu pourtant du bien que je ly désire, comme pour l'accommodement du répos de noctre peuple. J'ay choisi contre ma chois de mettre en doubte la fin du propos de mariage, & nonobstandant s'il vous plaict de mander le Commmissaires, lesquelles s'ilz trouveront le convertissant à quelque ouvre d'amitié, auquelle (sic) je puis bien esclairsir l'envie que je tiens de devenir françoise en toute amitié la plus estroicte que le plus doctes pourront inventer, estant tousjours prest à la parfayre comme ne me monstrant peu redevable pour tant d'honneur que vous, Mounsieur mon bon frère, & madame vostre trèsillustre M ère, & Mounsieur mesme, m'aves faict, qui ne se peult jamais ayracher de ma bonne mémoire, qui m'obligera à jamais de vous estre la plus affectionnée.”
Endorsed :—“No. 7.”
Holograph. 1½ pp.
Modern copy of preceding; very faulty. 2 pp.
1135. Queen to the Duke of Anjou.
[1581.] “Mounsieur, Quant les criminelz sentent l'aproche du jour de leur condemnation, la nature mesme leur enseigne de prolonger la sentence. Aussy les debteurs, sçachant le peu de moyen qui leur est donné de respondre leur créanciers, font des amis pour prolonger le temps, et, tel estat me trouvant, j'ay grande rayson de rechercher pardon de mon si extraordinair retardement, ayant presque nulle aleinne qui me reste, par les continuelz combatz and perpetuelz tormentz que ceste cause m'apporte, n'ayant chose en ce monde plus à cœur que à vous satisfayre par tous les meilleurs moyens qui me seroit possible, et de pouvoir accommoder le mieulx toutes les circumstances à Vostre désir. Cela me força d'avancer le temps contre ma volunté. Dieu le sçait, Qui m'en est le plus véritable tesmoingne. Mais voyant trop clair que les terribles tortz et injures que le grand P ère, avec Le Roy d'Espaigne son filz aigné, me trament de jour en jour, empriment es cœurs de mes subjectz fort mauvauses charact ères, pour contredire ce mariage, le pensant mauvais augure de l'avancement du mal de ce Royaulme, et par là considérant quelle indécente remuneration je vous ferois, de vous amener en lieu sy mal propre pour Prince de si bon naturelle que Vous aves, Vous pençant digne de regner où puissies posséder toute gloire, meslée avec aultant de liesse que se peult souhaiter, non à vivre avec soupçons de mal disposés, ny entre telz qui ne veulent rien enterpreter de bon en vos actions. Par telle nécessité pourtant, Mon trèscher, ce que avec mon perpetuell regret contrainte, je confesse que, s'il vous plaict mander les Commissaires, si le mariage ne se faict, de laquelle ne Vous ose assurer, ne vois meilleur chemin par où dresser mes pas, que par la voye d'une estroicte amitié, telle que l'entendementz humains pouvent composer entre nous deux, à ce que la fortune de l'une prenne la mesme forme de l'aultre, et à ceste mode, fault il qu'accommodons nos affayres, ne vous manquent rien, sinon le corps, qui est la pire part, ayant trop meilleure élection en aultre lieu, qui mieulx vous pourront complaire, et amender mes defaultz, ausquelles ne donneray lieu, en l'endroict de pure affection & immuable amour, que je feray cognoistre à tout le monde par toutes mes actions, et leur feray honte, qui s'avançeront à mettre de faulses calumnies à mes pures intentions, qui ont esté, et tousjours seront, faictes de pure cristalle de rocher, le plus ferme que oncques nature forma. Et vous suplie, à mains joinctes, que les iniques impressions de mes mal affections ne fasent figure en vostre jugement, contraire au mérite d'icelle, qui ne peult estre que cella mesme de qui elle a faict profession, et mouray en ceste foy; ni per bonaccio ny per verno luogo mutai ny mutero in æterno; comme sçait Le Créature (sic), à qui je suplie de vous tenir tousjours en sa saincte garde, après m'estre très humblement recommandé au throne de Vostre justice.”
Endorsed—“N. 9.”
Holograph. 1½ pp.
Modern copy of preceding; very faulty. 2 pp.
1136. Dr. Rogers.
[1581?] The answer of the merchants of Eastland to the claims made on them by one Dr. Rogers for work said to have been performed by him for that Company, and journeys taken between 1579 and 1581.
1 p.

Footnotes

  • 1. This paragraph is emphasised by marginal marks.
  • 2. Here has been inserted “de pouvouir.”
  • 3. Here has been inserted “jour,” and above, “ou vous.”
  • 4. Here the pen has been put through “eig.,” and “je?” has been written above.
  • 5. Here the Queen added the following words, but struck them out afterwards :—“Pourveu que je ne denonce après la mariage contre le Roy d'Espaigne.”
  • 6. The Queen has struck out this parenthesis.
  • 7. The Queen has struck out “pièce de sept” and inserted “Gren.,” i.e. “Grenouille.”
  • 8. The Queen had written “dois” at first, but struck it out.
  • 9. The Queen has struck out this sentence.
  • 10. The Queen has struck out the words from “en tel” to “ne,” and has substituted those that follow, as far as “respect.”
  • 11. The original draft of the words between “consentement” and “estant la créature seule,” was as follows :—“Je ne sçais respondre aultrement, mais en pourres user de vostre discretion, & ordonner du voiage selon la grandeur de vostre affection, & ne puis nier que (si se ne soit de peur de ces crainctes) rien ne me peult arriver de plus grande joye que l'heureuse accès de vostre présence.” These words of the Queen have, however, been struck out by her, and those in the text substituted.